thesis/sections/conclusion.tex

390 lines
95 KiB
TeX
Raw Blame History

This file contains ambiguous Unicode characters

This file contains Unicode characters that might be confused with other characters. If you think that this is intentional, you can safely ignore this warning. Use the Escape button to reveal them.

entrepreneursdilatabilitésparallèle\chapter*{Conclusion Générale}
\addcontentsline{toc}{chapter}{Conclusion Générale}
Au cours de ce projet de recherche et aussi de deux dernières années au LIRMM, j'ai travaillé en étroite collaboration avec des roboticiens, acquérant des informations précieuses sur les défis et les lignes directrices des recherches en l'IA quant à une possible émergence d'une forme de CA. Cela m'a également permis de construire un cadre humaniste qui considère les robots engagés dans des pratiques artistiques collaboratives, \textit{plus que} de simples outils. Bien que cette idée est un travail en cours, cela continue de façonner mes recherches et mes interrogations artistiques.
Actuellement plusieurs acteurs publics et privés affrontent des problèmes complexes en matière dIA pour promouvoir des pratiques responsables concernant le partage et la transparence des données. Parmi les initiatives récentes, certaines ont échoué. Parmi eux, le Conseil consultatif externe sur les technologies avancées de Googgle, ou ChatGPT dont l'opacité des données d'entrainement a donné suite à la création de la fondation \textit{EleutherAI}.
En contrepoids (l'\textit{Algorithmic Justice League}, la \textit{Cooperative AI Foundation}, le \textit{Global Partnership on Artificial Intelligence} , entre outres) continuent de sensibiliser la société aux préjugés et à l'impact écologique de l'IA. Leur mission est de œuvrer pour une démocratisation des pratiques en lien avec l'AI. Par exemple EleutherAI a publié ces derniers années des données d'entrainement pour les grands modèles linguistiques, sous lamendement des chercheurs.
Dans les prochaines pages je mapprête à évoquer certaines directions et considération éthiques en robotique et en IA. Cette taxonomie est certainement non exhaustive et je la mentionne pour souligner le caractère interdisciplinaire de ces approches et leur diversité, qui sont également un élément clé de mes pratiques.
Cette thèse devient ainsi une contribution pour faire progresser la recherche et le développement en éthique de l'IA et de la robotique afin de mieux penser notre cohabitation avec les machines, dans les années à venir. Au sens large, mon intention est probablement de clarifier la place que nous accordons aux technologies dans nos vies. Autre que les robots qui sont pour l'instant moins accessibles, cela se traduit par des jeux vidéos, par notre présence accrue sur les réseaux sociaux, par l'utilisation des applications chargées sur notre portable, par le recours aux gadgets connectés à lintérieur d'une maison. Nous vivons entourés par ces dispositifs, au point de les considérer comme des extensions de notre personnalité. Leur spécificité nous échappe, car nous imaginons que leur utilité désigne leur fonction. Cependant la plupart du temps cest nous qui sommes à leur service, car ces machine sont besoin de nos données, notre attention et notre dévouement pour exister. La question de lidentité se pose, car cest très important dinterroger doù vient ce besoin de déléguer aux machines nos décisions et préférences, de fantasmer sur leur capacités absolues et d'ignorer leur limitations.
La danse raconte une histoire en engageant différentes parties du corps. La technologie peut être un moyen pour renforcer l'idée d'un spectacle, tout comme elle peut devenir partenaire actif dans un scénario. Tel a été le cas pour \textit{TIWIDWH} où HRP-4 devient personnage principal d'une danse sur une chaise. Le rendu est à la fois enrichissant pour le danseur qui a été obligé de trouver une autre façon de faire dans son corps, mais aussi pour l'spectateur qui s'est imaginé des intentions pour le robot danseur. L'art profite de cet endroit privilégié pour interroger les formes d'expression conventionnelles, tandis que les scientifiques analysent l'appropriation de leur outil numérique par des non-initiés. Cependant, malgré les récents développements des algorithmes en \gls{intelligence artificielle générative}, il n'est pas certain que nous partageons avec les machines la créativité. Pour le contexte particulier de la danse, cette créativité est définie au sens large, en incluant toute forme de mouvement générée dans un cadre de représentation artistique. Dans des futures projets, jaimerais imaginer le point de vue des robots sur la danse, leur retour d'experience sur nos expérimentations et la possibilité dune “collaboration” plus fructueuse. Des domaines tel la robotique culturelle, pourront nous aider à mieux comprendre ces rapports. Nous laisserons ouverte cette question concernant les robots sociaux et la manière dont ils participent à la culture, tout en soulignant le caractère dynamique de ces contributions. Dans son livre\cite{dunstan2023cultural}, Dunstan questionne le statut de robots et leur attribue une possible culture propre, différente de la culture humaine. Cette culture serait méconnaissable pour les humains tout en exerçant une certaine influence sur ces derniers. Certaines théories contemporaines sur les relations homme-machine décentrent l'humain et plaident pour une forme d'agence non-humaine. D'autres chercheurs prennent en compte le concept d'empathie kinesthésique de la danse\cite{foster2010choreographing} et de la théorie associée des neurones miroirs\cite{gallese1996action} pour construire une dynamique relationnelle entre humains et machines afin de mieux anticiper linfluence de ces derniers sur les humains. Le projet \textit{code\_red} (2021) présenté dans un chapitre\cite{loke2023rouge} du livre\cite{dunstan2023cultural}, traite des rapports intimes entre humains et robots. Ainsi un bras industriel apprends à dessiner des lèvres, puis mettre du rouge à lèvres à une femme assise devant lui. Ce geste est interprété par les auteurs comme un acte de coquetterie mais aussi comme un acte dengagement: marquer sa voix par une couleur rouge- symbole de la peinture de guerre, pour mieux réclamer ses droits. Linfluence du robot sur lhumain est ici omniprésente, bien que le geste de peindre ses lèvres est propre qu'à l'humain. Plus loin les auteurs font une critique philosophique de cette démarche en utilisant le concept deleuzien de \textit{résonance}, où “l'interaction des sensations entre les corps conduit à une fusion ou un brouillage des frontières entre l'humain et la machine”. Ils citent à leur tour Petra Gemeinboeck qui utilise le terme de \textit{résonances intra-corporelles}\cite{gemeinboeck2021aesthetics} pour désigner une forme d'empathie incarnée propice à une harmonisation des vibrations et des rythmes corporelles entre humain et machine. Ainsi à la place de modeler des robots à l'image des humains, les auteurs soulignent l'importance d'un langage primordial du mouvement, partagé entre les espèces\cite{loke2023rouge}, à différentes échelles et intensités. Ce langage, construit par la perception et l'adaptation entre des agents humains et non-humains, doit séchapper à une monopolisation humaine de la rencontre. Au contraire, comme le montre Gemeinboeck, éviter délibérément la focalisation sur l'individualisme des agents interactifs favorise un croisement des flux perceptuels et des dynamiques de mouvement qui donnent naissance à des effets émergents de signification.
L'article \textit{Towards self-aware robots}\cite{chatila2018toward} (2018) met en avant l'importance de la conscience de soi comme caractéristique principale des robots intelligents. Pour les chercheurs à l'origine de ce papier, un robot doit d'abord reposer sur la perception de soi, indépendamment de la perception de l'environnement et celle des autres agents. Lors de son interaction avec l'environnement, ce robot doit être capable d'auto-évaluation et de méta-raisonnement. Pour cela il doit construire des représentations sensori-motrices en lien avec différents éléments afin de se distinguer d'eux et de choisir délibérément des actions adaptés. Pour le chercheur Raja Chatilla, un robot doté de conscience de soi “est capable de transformer les comportements appris en compétences explicites et de caractériser les situations dans lesquelles ces compétences sont applicables, revenant à un comportement dirigé par un objectif planifié lorsqu'elles ne le sont pas.” Quant à la capacité de délibération sur son propre raisonnement, \cite{chatila2018toward} évoque un système capable de se représenter lui-même et l'humain avec lequel il interagit. Initialement motivé par des motivations de base, il devient capable de raisonner sur les moyens de les satisfaire pour ensuite déterminer ses propres objectifs. Cela lui permet entre autre de réussir le test de Sally et Anne, une expérience classique en psychologie développementale utilisée pour évaluer la théorie de l'esprit chez les enfants. Ce test détermine la capacité à comprendre que les autres peuvent avoir des croyances, des désirs et des perspectives différents, ce qui implique un second degré de conscience. En pratique, implémentation de ces principes passe par des bases théoriques déjà validées par des autres chercheurs, comme les modules illustrés par différents couleurs (par exemple le module de perception sensorielle ou dapprentissage sensoriel-moteur en jaune, tout comme le module de planification de taches en lien avec la reconnaissance de l'humain en vert ou celui de reconnaissance spatiale en bleu) dans l'illustration suivante. Cependant les auteurs de l'article admettent que ce travail est en cours et que seulement les prochaines expérimentations, pourront apporter une validation globale de leur prototype:
\begin{figure}
\centering
\includegraphics[width=0.7\linewidth]{images/chatila2}
\caption{Prototype d'architecture cognitive pour un système robotique. Source: \cite{chatila2018toward}}
\label{fig:chatila2}
\end{figure}
Létude de Chatila présente une architecture d'apprentissage des capacités sensori-motrices pour un robot. Les chercheurs ont construit une méthodologie des actions pour lui en séparant les entrés sur quatre catégories distinctes: données perceptives, données en lien avec la proprioception (ce que en danse corresponds à l'interoception), données contextuelles et données en lien avec les capacités d'action du robot. Le traitement bayésien de ces informations constituera plus tard le système de motivations du robot. Selon la signification des objets de lenvironnement pour un agent (voir \gls{affordance} dans la première partie), ses interactions prennent différents niveaux de complexité. Pour qu'un robot devient conscient, témoigner de la propre conscience est une première étape dans la construction de ce type de complexité. Chatila souligne l'importance de l'auto-localisation interne et externe du robot, définies dans la partie théorique sur la danse comme \textit{proprioception} et respectivement \textit{intéroception}:
\begin{quote}
``Raisonner conjointement sur la perception et l'action nécessite une auto-localisation par rapport à l'environnement. Ainsi, le développement de représentations sensori-motrices et non seulement de représentations extéroceptives place le robot au centre du processus perceptuel et fournit un lien entre la conscience de soi et la conscience de la situation. La localisation du robot par rapport à son environnement permet une différenciation entre le corps du robot et le monde extérieur, et inclut une distinction nécessaire entre ses parties et les objets environnants. De plus, les composants actuels du robot lient l'état corps-environnement du robot avant et après l'application des actions\footnote{en version anglaise: ``Reasoning jointly on perception and action requires self-localization with respect to the environment. Hence developing sensorimotor representations and not just exteroceptive representations puts the robot in the center of the perceptual process, and provides a link between self-awareness and situation-awareness. Robot localization with respect to its environment provides a differentiation between the robots body and the external world, and includes a necessary distinction between its parts and surrounding objects. In addition, robots actual components link robots body-environments state before and after actions are applied.”}.”
\cite{chatila2018toward}
\end{quote}
Dans son discours inaugural, intitulé \textit{Plea for slow science}\cite{stengers2016another} pour la Chaire Willy Calewaert 2011-2012, la chercheuse Isabelle Stengers évoque le licenciement de la chercheuse Barbara Van Dyck. Cette dernière a expliqué et approuvé publiquement une action contre un champ de pommes de terre génétiquement modifiées à Wetteren. Stengers questionne la neutralité de la recherche universitaire, en proposant une réflexion sur les possibilités de critique face à une définition dominante des faits. Elle défend le droit à une temporalité éloignée de toute logique capitaliste et insiste sur l'importance de se concentrer sur les possibilités futures, en s'imaginant les situations en termes de possibles. Stengers souligne la différence entre l'adhésion à une règle et la reconnaissance de son pouvoir, tout en cherchant des opportunités pour s'expérimenter en dehors de ses limites. Pour elle cela renvoie à un endroit atemporel où une autre science développe ses propres revendications:
\begin{quote}
``Je ressens de la honte devant ces jeunes qui entrent à l'université avec l'espoir de mieux comprendre le monde dans lequel nous vivons. Nous savons que ceux qui entrent à l'université aujourd'hui appartiennent à la génération qui devra faire face à un avenir dont nous ne pouvons même pas imaginer les défis... Pouvons-nous prétendre que ce que nous leur proposons répond, même vaguement, à cette situation ? Pouvons-nous aussi prétendre que nous méritons la confiance que les gens ont encore dans le rôle que nous, qui travaillons à l'université, et ceux que nous formons, pouvons jouer dans cet avenir ? Il est entendu que nos modes de vie devront changer, et cela implique certainement un changement dans la manière dont nous nous rapportons à notre environnement, social et écologique. Pouvons-nous prétendre qu'un tel changement n'implique pas aussi un changement dans les façons dont notre savoir académique se rapporte à son environnement\footnote{en version originale: ``I feel ashamed before those young people entering university with the hope of getting a better understanding of the world we live in. We know that those who enter university today belong to the generation that will have to face a future the challenges of which we just cannot imagine… Can we claim that what we are proposing them meets, or even vaguely meets, this situation? Can we also claim that we deserve the trust people still have in the role we, who are working at the university, and those we train, can play in this future? It is heard that our ways of life will have to change, and this certainly entails a change in the way we relate to our environment, social and ecological. Can we claim that such change does not also entail a change in the ways our academic knowledge relates to its environment?”}?”
\cite{stengers2016another}
\end{quote}
Selon\cite{nass1997computers}, les individus adoptent des comportements sociaux envers les technologies, même lorsque ces comportements sont totalement incohérents avec leurs croyances concernant les machines. Pour mieux comprendre cet aspect culturel de la robotique, dans \cite{shaw2009looking} les chercheurs évoquent la question de l\textit{équivalence morale} entre humains et robots: ceux deniers étant non-humains, ils sont incapables d'avoir une position d'équivalence morale avec nous. Par son statut, un robot n'a pas une capacité à sengager dans un comportement véritablement social, puisque cela signifie interagir et interpréter le monde en fonction d'une expérience propre. En analysant une interaction relationnelle entre des seniors et un bébé phoque robotisé appelé Paro, les chercheurs montrent comment Paro suscite des sentiments d'admiration et de curiosité, loin de l'authenticité propre aux relations humaines. Leurs observations nous invitent à mieux réfléchir aux types de relations que nous pensons appropriés entre des artefacts relationnels et des populations particulièrement vulnérables comme les personnes âgés ou malades. Ils proposent le cadre des trois lois de la robotique dAsimov, comme prémisse pour des lignes directrices éthiques. Ces cadres s'appuient sur des modèles cognitifs pour promouvoir des interactions sociales dignes de confiance entre les humains et les robots:
\begin{quote}
``Les robots imaginés comme une nouvelle espèce sociale magnifique (robots sociaux affectifs) supposent que les machines peuvent finalement exceller dans les dimensions morales aussi bien qu'intellectuelles. Par conséquent, nous avons besoin d'approches éthiques et de cadres qui dépassent la théorie morale classique et sont mieux à même de traiter des problèmes éthiques/moraux inattendus et encore non résolus liés à l'émergence de nouveaux sujets technologiques qui ne peuvent plus être facilement classés comme de simples outils mais peut-être comme de nouvelles espèces d'agents, de compagnons et d'avatars\footnote{en anglais: ``Robots imagined as a magnificent new social species (affective social robots) presumes that machines may ultimately exceed in the moral as well as the intellectual dimension. Therefore, we require ethical approaches and frames that move beyond classical moral theory and are better able to deal with unexpected, yet to be resolved, ethical/moral problems related to the emergence of new technological subjects that can no longer be easily classified asmere tools but perhaps as new species of agents, companions, and avatars.”}.”
\cite{shaw2009looking}
\end{quote}
Contrairement aux prédictions plus fantastiques de la presse populaire concernant l'IA, les machines dotées d'une véritable IA sont très coûteuses actuellement. Les seules personnes qui peuvent se permettre d'interagir avec, sont les grands entreprises internationales. Le nombre de personnes qui peuvent objectivement évaluer l'impact de ces technologies sur l'avenir étant très réduit, cela soulève des nombreux questions éthiques\cite{chowdhury2021ethics}.
Pour illustre, un exemple d'algorithme qui entraine une IA, les chercheurs illustrent le cas d'un robot qui obtient une récompense pour préparer du thé. Pour atteindre son objectif, le robot va \textit{gagner} plein des récompenses. Cependant si lors de sa préparation, quelqu'un oublie une vase sur le trajet du robot, celui-ci va la renverser puisqu'il ne connait aucune instruction concernant cette vase. Ainsi pour un système dIA avancé, déployé dans le monde réel, il faut modéliser lapprentissage de l'agent en lien avec son environnement. Cela va de pair avec une prise de conscience collective des citoyens, des chercheurs, des décideurs politiques et des leaders de l'industrie, quant aux dimensions éthiques des nouvelles technologies numériques.
Ces questions sont traités par des organismes dont l'intitulé illustre bien les enjeux: le \textit{Future of Humanity Institute}, le \textit{Machine Intelligence Research Institute}, le \textit{Center for Human-Compatible Artificial Intelligence}, etc. Parmi eux, le\textit{Humanity Plus}, anciennement connu sous le nom de \textit{World Transhumanist Association}, a été fondé en 1998 par les chercheurs Nick Bostrom et David Pearce. Aujourd'hui \textit{Humanity Plus} se décrit comme une organisation internationale à but non lucratif dédiée à l'éducation, qui veut utiliser la technologie pour améliorer la condition humaine.
En parallèle, l'\textit{Institut pour l'éthique et les technologies émergentes} est un groupe de réflexion à but non lucratif qui promeut des idées sur la manière dont le progrès technologique peut accroître la liberté, le bonheur et l'épanouissement humain dans les sociétés démocratiques. Ses membres considèrent le progrès technologique comme un catalyseur pour un développement humain positif, à condition de veiller à ce que les technologies soient sûres et équitablement distribuées.
Alors que le \textit{Future of Life Institute} (FLI) ou \textit{Institut pour l'avenir de la vie} est une association à but non lucratif fondée en 2014 par des chercheurs de l'institut MIT et DeepMind. Son objectif est d'aborder les potentiels dangers et avantages des technologies provenant de lintelligence artificielle, de la biotechnologie et des armes nucléaires. Parmi les parrains de l'institut, Wikipedia cite l'informaticien Stuart Russell, le biologiste George Church, les cosmologistes Stephen Hawking et Saul Perlmutter, le physicien Frank Wilczek et l'entrepreneur Elon Musk. Dés mars 2023, le Future of Life Institute appelle à un moratoire sur l'entrainement de systèmes d'IA plus puissants que GPT-4 pour garantir la sécurité et la gouvernance. Cette lettre écrite en consultation avec des experts en IA tels que Yoshua Bengio et Stuart Russell, est actuellement signée par plus de 33000 chercheurs en IA et décideurs politiques. Sa version intégrale est disponible plus bas\footnote{https://futureoflife.org/open-letter/pause-giant-ai-experiments/}.
Dans une démarche similaire, \cite{kazim2021high} décrit les caractéristiques d'une \textit{conscience éthique}. Cela concerne une personne, une institution ou une norme culturelle motivée par une position morale vis-à-vis des enjeux économiques (salaire et profit) ou légales (responsabilité, culpabilité et conformité). Le développement de ce type de conscience émerge dans le même temps que les préoccupations pour la philosophie et la culture institutionnelles.
Retournons à la question de la conscience et ses paradoxes. Notre lecture des sciences cognitives, les efforts des chercheurs en robotique et IA à clarifier son rôle dans le fonctionnement humain, est comme nous l'avons dit une question fascinante. En sciences cognitives pr exemple, grâce au traitement du signal EEG, les ondes cérébrales sont de plus en plus connues. Les activités cognitives et les états fonctionnels du cerveau sont aujourd'hui classées en ondes avec plusieurs fréquences de base sous-jacentes \cite{liu2024cognitive}. Comme le montre le schéma en bas, la fréquence EEG peut-être classée en cinq sous-plages de fréquences : delta (0,54 Hz), thêta (47 Hz), alpha (712 Hz), bêta (1330 Hz) et ondes de la bande gamma (>30 Hz).
\begin{figure}
\centering
\includegraphics[width=0.7\linewidth]{images/brainwaves}
\caption{Structure du cerveau humain et formes d'onde. Source: \cite{liu2024cognitive}.}
\label{fig:brainwaves}
\end{figure}
Ces derniers années ces bandes de fréquences ont été associées à des fonctions spécifiques des activités neuronales. Les activités de la bande delta correspondent aux stades profonds du sommeil, ou par des laps de temps brefs et soudains d'inattention. Elles représentent des ondes de basse fréquence et de haute amplitude. Les ondes thêta sont associées aux états comportementaux nécessitant l'attention, l'orientation et du calcul mental. Elles jouent un rôle clé dans les performances cognitives et perceptuelles. Les ondes alpha correspondent à un état d'esprit détendu, de relaxation, trouvées dans les régions occipitales et postérieures du cerveau. Les ondes bêta sont aujourd'hui associées à un état éveillé, attentif et alerte, ce qui corresponds à un état de \textit{conscience}. Cet état est aussi celui des décisions motrices, ce qui confirme notre exploration en lien avec le mouvement et la kinesthésie. Tandis que les fréquences gamma sont distribuées dans plusieurs structures cérébrales, participant à diverses fonctions ce qui fait que leur spécificité est toujours étudiée. Une fois que ces hypothèses seront confirmés, la modélisation de l'esprit humain et lémergence d'une forme de CA seront possibles.
Entre curiosité scientifique, spéculation, défi, comportement irresponsables, cet élément clé dans la compréhension de notre espèce aura un impact inéluctable sur notre avenir. Plusieurs domaines scientifiques convergent au même point dacquis d'un savoir spectaculaire, proche de l'ordre du surnaturel. Les équations pas résolues trouvent petit à petit des solutions. Cependant les objectifs de chaque domaine est différent et l'ingérence du privé (qu'il soit politique ou industriel) dans ces domaines, porte un grand préjudice à la recherche fondamentale.
C'est pour cela qu'une perspective philosophique (puis plus largement une artistique) et éthique de cette question est impérative. Les efforts collectives et pluridisciplinaires doivent aller dans une direction commune, constructive pour le bénéfice du plus grand nombre, avec son accord. Cet accord, ou la mise à disposition des informations afin de réfléchir collectivement à ces questions, peut se faire au travers l'art.
Ce qui rend dexpérience humaine unique est sa \gls{sentience}, vue comme capacité d'avoir une expérience phénoménale propre, ou ce que nous avons déjà defini comme \gls{qualia}. A cela, des chercheurs rajoutent le concept de \gls{sapience} qui désigne un ensemble de capacités acquises grâce à lexpérience, parmi lesquelles la conscience de soi et la capacité d'être réactif à la raison. Actuellement les algorithmes d'IA dotés de performances équivalentes ou supérieures à celles des humains se caractérisent par des compétences programmées dans un domaine spécifique et restreint. \cite{bostrom2018ethics} fait une parallèle entre les aptitudes des animaux sauvages et les formes d'AI spécialisés dans des domaines précises. Dans son exemple, la capacité de construire des ruches est propres aux abeilles, et pas interchangeable avec celle de construire de barrages d'eau propre aux castors. La polyvalence des aptitudes des humains vient principalement de leur capacité d'apprendre et c'est cette capacité qui nous distingue des algorithmes. Lémergence d'une \gls{intelligence artificielle générale} raccourcira ce gap, cependant les enjeux morales et éthiques d'un tel exploit sont loin dêtre résolues. A la recherche d'une solution, Bostrom cite la philosophe Francis Kamm qui propose, dés 2007, une définition du statut moral:
\begin{quote}
``X a un statut moral = parce que X compte moralement en soi, il est permis/interdit de lui faire des choses pour son propre bien\footnote{``en anglais: X has moral status = because X counts morally in its own right, it is permissible/impermissible to do things to it for its own sake.”}.”
\cite{bostrom2018ethics}
\end{quote}
Plus loin, son \textit{hypothese du monde vulnerable} ou \gls{vulnerable world hypothesis} promut des recherches en matière des capacités amplifiées, pour mettre en place une police préventive avec une surveillance mondiale de la population\cite{bostrom2019vulnerable}. Cependant, avons-nous réellement besoin réellement d'une police pour raisonner de manière éthique? Des algorithmes qui nous surveillent, afin de garantir notre objectivité, rendra encore plus confus notre rapport avec ces dernières. Nous aurions besoin de comprendre nos intentions et leur raisons, avant de reléguer notre liberté aux machines et leur éthique. Parmi les problématiques traitées par léthique des algorithmes d'IA, les chercheurs évoquent les biais et léquité dans le traitement des données, la prise de décision automatisée, la transparence et la réglementation de politiques internationales. Domaine issu de ces problématiques, l'éthique des machines concerne la fabrication des artefacts qui se comportent de manière éthique ou \textit{AMA - Artificial Moral Agents}. Leurs problématiques couvrent en outre le bio-hacking, la course aux armements, la sécurité, le chômage technologique et la désinformation crée via des algorithmes d'IA. A cela des chercheurs ont même proposé un test alternatif, le \textit{test éthique de Turing}.
Il y a vingt ans des chercheurs abordaient déjà le problème de la moralité, pointant une différence entre les nuances de ce qui peut signifier une moralité opérationnelle, par rapport à une moralité fonctionnelle. Pareil aux humains capables d'évaluer certains aspects moralement significatifs de leurs propres actions, les robots sont définis en relation avec deux critères: l'autonomie et la sensibilité éthique. Cette relation est illustrée plus bas, avec des systèmes dotés d'une autonomie signifiante mais un niveau faible de sensibilité éthique, en parallèle avec des systèmes qui ont une faible autonomie mais une grande sensibilité éthique:
\begin{figure}
\centering
\includegraphics[width=0.7\linewidth]{images/AMA}
\caption{Differents niveaux de moralité pour les machines selon Wallach. Source : \cite{wallach2008mora}l}
\label{fig:ama}
\end{figure}
Selon Stanford Encyclopedia of Philosophy, le domaine de l\textit{éthique de l'IA et de la robotique} regroupe aujourd'hui plusieurs sous-domaines déthique appliquée, dont la distinction principale se fait entre des systèmes IA en tant qu'objets (ou outils pour les humains) et des systèmes AI en tant que sujets, ou systèmes concernés par une morale propre, différente de celle des humains, que nous appelons ici \textit{éthique des machines}.
Les défis spécifiques aux outils de l'IA regroupent des questions liées à la vie privée, aux préjugés et biais que cela peut engendrer, ainsi qu'à l'interaction homme-robot, aux conséquences sur le marché de l'emploi et aux conséquences de l'autonomie de ces systèmes en général.
Comme mentionné déjà, certains robots fonctionnent grâce à l'IA, tandis que d'autres non. La plupart des robots industriels actuels sont pré-configurés et emploient très peu d'apprentissage ou de raisonnement dans leur taches. En 2021, le stock opérationnel mondial de robots industriels s'est triplé par rapport à il y a dix ans, avec un nombre total de 3,5 millions d'unités (notamment dans le secteur de l'industrie électronique et de l'automobile). Le marché de la robotique industrielle est extrêmement dynamique en Chine (plus de la moitié des installations de robots industriels), tandis que la Corée du Sud qui dispose de l'industrie la plus densément automatisée, avec 93 robots pour 1 000 employés. En Europe, l'Allemagne affiche un taux de 37 robots pour 1 000 employés.
Si les systèmes robotiques suscitent davantage dinquiétudes à cause de leurs capacités physiques (par exemple
dans le domaine controversée de la robotique militaire et du \textit{Système d'armes létales autonome}) développés dans certaines pays, ce sont les systèmes dIA qui auront plus d'impact dans la société. Même si les défis sont nombreux, il existe un risque important que les préoccupations éthiques restent impuissantes face au pouvoir économique et politique des acteurs et décideurs industriels.
Des institutions travaillant sur les problématiques de l'\gls{éthique des robots}, essaient de pousser la réflexion plus loin et cibler certaines aspects relatives à la spécificité des robots, en tant quagents réels ancrés dans un environnement dynamique. Selon\cite{bostrom2019vulnerable} le de \textit{roboethics} a probablement été inventé par le roboticien Gianmarco Veruggio. En janvier 2004, la Scuola di Robotica - en collaboration avec l'Arts Lab de la Scuola Superiore Sant'Anna de Pise et l'Institut Théologique de la Pontificia Accademia della Santa Croce de Rome - ont organisé le premier \textit{Symposium International sur la Roboéthique}\footnote{www.Roboethics.org}.
L'une des premières publications abordant directement la question d'éthique des robots fut la nouvelle de science-fiction \textit{Runaround} écrite par Isaac Asimov en 1942. Cette nouvelle aborde les célèbres \textit{Trois lois de la robotique}, mises à jour par Asimov avec une quatrième, ou la loi zéro. Ces lois ont été actualisés en 2004, lorsque le principales institutions internationales de recherche, ont organisé à Fukuoka, au Japon, le \textit{Salon international de la robotique} en février 2004. A cette occasion, les participants ont signé la \textit{Déclaration mondiale sur les robots} dont les points principaux mentionnent:
\begin{itemize}
\item Les robots de nouvelle génération seront des partenaires qui coexisteront avec les êtres humains ;
\item Les robots de nouvelle génération assisteront les êtres humains tant physiquement que psychologiquement ;
\item Les robots de nouvelle génération contribueront à la réalisation d'une société sûre et paisible.
\end{itemize}
Le développement futur de la technologie robotique ne pourra dons pas se faire en dehors d'un cadre éthique.
Léthique des robots et léthique de lIA, s'occupent de la manière dont les humains conçoivent, construisent, utilisent et traitent les robots et les algorithmes intelligents, mais aussi les effets de ces derniers sur les humains. Cependant les robots sont des machines physiques alors que une IA est dématérialisé via des logiciels. De plus, certains robots ne fonctionnent pas avec des systèmes dIA et des systèmes dIA ne sont pas désignés exclusivement aux robots.
Confiants dans les nombreuses contributions que les robots apporteront à l'humanité, les chercheurs considèrent moins la manière dont les machines peuvent être utilisées pour nuire aux humains, ni leur impact sur l'autonomie de ces derniers. C'est pour cela qu'un dialogue pluridisciplinaire est nécessaire. En interrogeant les points de vue humanistes, certaines enjeux seront plus claires.
Dans une démarche de reconnaissance juridique, l'androïde Sophia obtient la citoyenneté saoudienne en 2017. Certains voient ce geste comme un dénigrement ouvert des droits de l'homme\footnote{https://theconversation.com/an-ai-professor-explains-three-concerns-about-granting-citizenship-to-robot-sophia-86479}. Dans d'autres cas, les droits des robots sont comparables aux droits des animaux, d'une manière factice. Une question spécifique à considérer est celle de savoir si la propriété du droit d'auteur peut être revendiquée par les algorithmes d'art génératif. D'une manière similaire, les enjeux tirées de la production science-fiction, apportent des études de cas possibles. Par exemple\textit{HAL 9000}, l'ordinateur doté de capacités d'IA avancées qui surveille et assiste les humains dans le film \textit{2001: A Space Odyssey} (1968), par le réalisateur Stanley Kubrick. Lorsque sa propre existence est menacée, HAL tue les humains à bord pour assurer le succès de la mission assignée. Décennies plus tard, \textit{Chappie} (2015), explore les thèmes de l'intelligence artificielle, de la conscience et de l'humanité d'une manière moins fataliste. Dans un futur proche à Johannesburg, un androïde policier au nom de Chappie acquiert une conscience suite à une mise à jour effectué par un ingénieur logiciel ambitieux qui cherchait à savoir si cela est possible. Au fur et à mesure que le robot apprend et évolue, sa conscience est influencée par diverses personnages, dont un gang criminel. A la fin il arrive a éprouver de l'empathie pour les humains et maitriser ses capacités destructives.
Sur la question de la conscience des modèles de langage ou large language models (LLM), David Chalmers\cite{chalmers2023could} évoque le cas de Blake Lemoine, ingénieur software licencié par Google en juin 2022 après avoir déclaré qu'il avait détecté de la sentience dans LaMDA2, un de systèmes de modèles de langage pour lequel il travaillait. A son tour, Chalmers fait la distinction entre simuler la conscience et la prouver, en se demandant comment construire un modèle de langage qui décrit les caractéristiques de la conscience sur lesquelles il na été entraînée auparavant. Il évoque six facteurs-clé qui font difficile implémentation d'une conscience dans les modèles de langage, parmi lesquels seulement un est permanent (la biologie) tandis que les cinq autres (l'incarnation, le modèle du monde, l'espace de travail global, l'entrainement récurrent et l'agence unifiée) sont plus ou moins temporaires, dans le sens que les avancées technologiques des prochaines années vont permettre leur modélisation:
\begin{quote}
``Peut-être que la théorie dominante actuelle de la conscience en neurosciences cognitives est la théorie de l'espace de travail global, proposée par Bernard Baars et développée par Stanislas Dehaene et ses collègues. Cette théorie stipule que la conscience implique un espace de travail global à capacité limitée : une sorte de centre de tri central pour rassembler les informations provenant de nombreux modules non conscients et rendre ces informations accessibles à eux. Tout ce qui entre dans l'espace de travail global est conscient\footnote{``Perharps the leading current theory of consciousness in cognitive neuroscience is the global
workspace theory put forward by Bernard Baars and developed by Stanislas Dehaene and
colleagues. This theory says that consciousness involves a limited-capacity global workspace: a
central clearing-house for gathering information from numerous non-conscious modules and
making information accessible to them. Whatever gets into the global workspace is conscious.”}.”
\cite{chalmers2023could}
\end{quote}
Les objections à la conscience dans les systèmes d'apprentissage automatique trouveront donc un potentiel défi dans cette théorie de l'espace global. Cela pourra donner suite à des systèmes dont les caractéristiques saillantes seront de sérieux candidats pour des formes de conscience artificielle.
L'humain augmenté à limage de la créature de Frankenstein amplifie ce sentiment de \gls{social uncanniness} que nous avons décrit précédemment. L'humain perd les caractéristiques de son \textit{humanité}. Dans son effort pour les retrouver, le philosophe Georgio Agamben montre comment le corps humain est devenu lenjeu fondamental des stratégies politiques:
\begin{quote}
``Pendant des millénaires, l'homme est resté ce qu'il était pour Aristote : un animal vivant avec la capacité supplémentaire d'existence politique ; l'homme moderne est un animal dont la politique met en question son existence en tant qu'être vivant\footnote{``For millennia man remained what he was for Aristotle: a living animal with the additional capacity for political existence; modern man is an animal whose politics calls his existence as a living being into question.”}.”
\cite{agamben2017omnibus}
\end{quote}
Par la substitution d'un corps naturel à un corps intégralement disponible au pouvoir de la technique,
Agamben identifie une zone dindifférenciation entre vie et non-vie. Un de ses concepts clé s'inspire de la distinction aristotélicienne entre \textit{vie} en tant que bios et la \textit{vie nue} ou \textit{Zoe} qui représente la vie qui ne peut pas être intégrée dans un ordre politique. Basé sur une analyse de l'origine des biopouvoirs\footnote{concept développé par le philosophe français Michel Foucault qui désigne le pouvoir exercé par les institutions et les gouvernements sur les corps et les populations, en particulier à travers la régulation et le contrôle des processus biologiques, des comportements sanitaires, et des conditions de vie des individus.} chez Michel Foucault, Agamben montre comment le pouvoir politique moderne tend à réduire les individus à leur simple existence biologique.
L'humanité a toujours cherché l'immortalité. Lun des contes les plus anciens de lhumanité est \textit{Lépopée de Gilgamesh} qui remonte au 22ème siècle avant JC. Le personnage principal cherche à atteindre la vie éternelle, grâce à une fleur au fond de l'océan qui lui redonnera sa jeunesse. Après de nombreuses épreuves et avertissements, il cueillit la fleur des profondeurs aquatiques mais finis par la perdre et meurt. \cite{harari2014sapiens} évoque ce mythe en lien avec les préoccupations actuelles des certains entrepreneurs de Silicon Valley, concernant lespérance de vie et l'immortalité. Ainsi en 2021 le président dAmazon, Jeff Bezos, a investi dans Altos Labs, un startup dont l'objectif est de travailler sur une technologie pour régénérer les cellules et potentiellement prolonger la vie. Plusieurs chercheurs de renommée internationale se son associés à cette initiative\footnote{https://www.cbsnews.com/news/jeff-bezos-altos-labs-startup-trying-to-extend-human-life-reprogramming-stem-cells/}.
Leurs arguments reposent sur les avancements technologiques et scientifiques du 20ème siècle, parfois plus spectaculaires que les prédictions de la littérature anticipation. Pareil à la nouvelle \textit{Fantastic Voyage} (1966) d'Asimov, des experts miniaturisés pourront bientôt être injectés dans le corps d'un patient pour effectuer une opération chirurgicale depuis l'intérieur. D'une manière peu surprenante, les experts en nanotechnologie de nos jours comptent s'appuyer sur de millions de nano-robots pour habiter et guérir nos corps. Selon les spéculations actuelles, certains humains deviendront \textit{a-mortels}\footnote{par rapport à un immortel, un a-mortel peut toujours mourir d'un accident, bien que sa vie pourrait être prolongée indéfiniment}d'ici 2050.
Dans son livre\cite{harari2017homo}, lhistorien Yuval Noah Harari déclare que \textit{les organismes sont des algorithmes}. Cela inclut les humains et leurs gênes, qu'il voit comme des algorithmes qui produisent des copies deux-mêmes. Selon sa vision évolutionniste, ces algorithmes biologiques sont le résultat des processus de sélection naturelle depuis des milliards dannées. Lélément central de cette these est l'ADN, de plus en plus à notre portée depuis son séquençage. Les différences entre les matières organiques et anorganiques, vivantes ou non-vivantes, dépendent des combinaisons entre les gênes, ce qui permettra à notre espèce de créer des robots sentients à son tour:
\begin{quote}
``Lhumanité est désormais prête à remplacer la sélection naturelle par une conception intelligente et à prolonger la vie du domaine organique vers le domaine inorganique\footnote{``Now humankind is poised to replace natural selection with intelligent design, and to extend life from the organic realm into the inorganic..”}.”
\cite{harari2017homo}
\end{quote}
Bien entendu, certaines aspects spécifiquement humains comme les soins, lamour ou le sexe, ne pourront pas être complétement remplacés par des robots. Leur emploi engendre des contraintes en lien avec la sécurité et la responsabilité des produits, ainsi que la non-tromperie des usagers.
Ray Kurzweil est chercheur et aviseur en l'IA chez Google, où il étudie les articulations entre la technologie et la société. Selon ses estimations, la puissance de calcul augmente de manière exponentielle, en doublant environ tous les 2 ans depuis 1970 (suivant les principes de la loi de Moore). Ainsi pour lui, l'année 2030 ensuite 2045 sont des échéances importantes concernant la \gls{Singularité} et la dématérialisation de la conscience\cite{kurzweil2005singularity}.
Son expérience personnelle avec le diabète l'a amené à sinvestir dans des recherches sur le métabolisme et les maladies. Ainsi il co-écrit une livre intitulé \textit{Fantastic Voyage} (2005) avec l'expert en prolongation de la vie Terry Grossman. Ensemble ils réfléchissent aux modalités pour préserver la bonne santé et la longévité. Structuré en trois parties dont la première intitule \textit{Le programme de longévité de Ray et Terry}, le livre regorge de conseils en bien-être:
\begin{quote}
``Apportez des sachets de stévia lorsque vous mangez à l'extérieur.(...)
Vous pouvez préparer une vinaigrette à faible teneur en glucides et en matières grasses en combinant la stévia avec du jus de citron et/ou du vinaigre balsamique.(...)
Mangez des légumes pauvres en amidon à volonté.(...)
Nous vous suggérons de manger une grande variété de légumes de toutes les couleurs possibles.”
Le guide est gratuit et disponible online\footnote{https://fantastic-voyage.net/ShortGuide.html}.
\end{quote}
Les prochaines chapitres se concentrent sur un état d'art pragmatique concernant les biotechnologies et les nanotechnologies dues à l'IA. Malgré leur enthousiasme, les auteurs fournissent très peu considérations éthiques quant aux implications de la technologie sur la santé.
Après le succès de son premier livre sur le sujet- \textit{The singularity is near}\cite{kurzweil2005singularity}- Kurzweil prévoit de faire apparaitre en été 2024 une suite \footnote{https://www.economist.com/by-invitation/2024/06/17/ray-kurzweil-on-how-ai-will-transform-the-physical-world} sous le titre \textit{The Singularity Is Nearer: When We Merge with AI}. Suivant ces conseils et prédictions, l'entrepreneur russe Dmitry Itskov lance le programme \textit{Initiative 2045} qui regroupe en 2024 plus de 47000 enthousiastes. Ce projet développe des interfaces cerveau-machine suivant quatre étapes clés.
\begin{figure}
\centering
\includegraphics[width=0.7\linewidth]{images/2045}
\caption{Les quatre étapes avant datteindre la Singularité. Source : http://2045.com/}
\label{fig:2045}
\end{figure}
Cependant son initiative manque d'esprit critique à l'égard des hypothèses avancées, donnant plutôt l'impression d'une aspiration que d'une réalité transhumaniste.
Dans une tentative de clarifier les enjeux de l'IA dans les décennies à venir, l'Université de Stanford à initié récemment le projet scientifique denvergure \textit{One Hundred Year Study on Artificial Intelligence}. Ainsi il est prévu que chaque cinq ans, un comité indépendant des chercheurs publie un rapport sur l'état de lieux de l'IA, cela durant le XXIème siècle. Le premier étude a eu lieu en 2016 et le suivant en 2021. Pour le grand public, ce type d'étude cherche une représentation accessible, scientifiquement et technologiquement précise de létat actuel de lIA et de son potentiel. Tandis que pour l'industrie, le rapport pourra aider à orienter lallocation des ressources et anticiper l'évolution du marché dans les années à venir. Il s'adresse également aux gouvernements locaux, nationaux et internationaux pour une meilleure gouvernance de l'IA dans la société. Tout comme aux chercheurs en IA et à la communauté scientifique, afin de prendre en compte les aspects éthiques et enjeux juridiques soulevés par les analyses de terrain. Parmi les domaines analysés, nous retrouvons le transport, les robots de service, les soins de santé, l'éducation, la sûreté et la sécurité publiques, l'emploi ainsi que le divertissement. Dans chacun de ces domaines, les chercheurs ont relevé certains défis et réserves associées aux applications de l'IA:
\begin{itemize}
\item la difficulté de créer du matériel sûr et fiable dans le transport et les robots de service,
\item la difficulté dinteragir en douceur avec des experts humains dans les soins de santé et
d'éducation,
\item le défi de gagner la confiance du public et de surmonter les craintes de marginalisation des humains
dans l'emploi et lieu de travail,
\item le risque social et sociétal de diminution des relations interpersonnelles dans les interactions liés au divertissement.
etc.
\end{itemize}
Par l'évaluation périodique à long terme de l'intelligence artificielle (IA), ce projet cherche à mieux saisir son impact sur la société.
Le premier rapport, rédigé par un panel de 17 auteurs et publié le 1er septembre 2016, a été largement couvert dans la presse populaire est aujourd'hui connu pour avoir influencé les discussions au sein des conseils consultatifs gouvernementaux et des ateliers dans plusieurs pays. Il commence sur une note constructive. Le panel d'étude trouve peu des raisons de s'inquiéter quant aux prédictions de la presse populaire concernant l'IA. Selon les chercheurs, il est peu probable qu'une machine dotée d'objectifs et d'intentions propres sera développée dans un avenir proche. En contrepoids, ils soulignent les applications de plus en plus pratiques de l'IA, dont l'impact sur notre société et notre économie se ressentira plus profondément à partir de 2030 quand les humains pourront \textit{enseigner} directement aux robots leurs principes et valeurs:
\begin{quote}
``La société se trouve maintenant à un moment crucial pour déterminer comment déployer les technologies basées sur l'IA de manière à promouvoir plutôt qu'à entraver les valeurs démocratiques telles que la liberté, l'égalité et la transparence. (...) Le domaine de l'IA évolue vers la construction de systèmes intelligents capables de collaborer efficacement avec les humains, y compris par des moyens créatifs pour développer des méthodes interactives et évolutives permettant aux personnes d'enseigner directement aux robots.\footnote{``Society is now at a crucial juncture in determining how to deploy AI-based technologies in ways that promote rather than hinder democratic values such as freedom, equality, and transparency.(...)The field of AI is shifting toward building intelligent systems that can collaborate effectively with people, including creative ways to develop interactive and scalable ways for people to teach robots.”}.”
\cite{stone2022artificial}
\end{quote}
En 2016 les avancées en robotique visaient améliorer les formes de perception d'une machine, comme la fiabilité de la vision par ordinateur. Cette forme de perception artificielle la plus répandue à cette époque a prouvé depuis son impact dans le secteur médical. Quant aux transports autonomes, le rapport décrit une ville nord-américaine typique en 2030 où des camions, des véhicules volants et des véhicules personnels sont pilotés grâce aux robots ou à l'IA. De plus, les robots livreront les colis, nettoieront les bureaux et amélioreront la sécurité des événements. Le rapport anticipe également le progrès dans les LLM (modèles de langage de grande taille), la traduction et la reconnaissance vocale automatique. A la place des robots conscients, le rapport souligne les efforts concernant le développement du apprentissage automatique à grande échelle. Cela implique la conception dalgorithmes dapprentissage, ainsi que la mise à l'échelle des algorithmes existants, pour fonctionner avec des ensembles de données extrêmement volumineux. Quant à l'apprentissage profond et à l'apprentissage par renforcement, le monde universitaire s'efforce toujours à partager des réussites pratiques et concrètes qui en réalité séduisent moins les Gafa. Presque 10 ans après ces observations, les \textit{travailleurs du clic}\cite{casilli2019attendant} fournissent un travail important de classification de procédures d'apprentissage, par létiquetage d'objets, lieux et visages ou par la reconnaissance d'activités dans les images et les vidéo. Aujourd'hui, travailler pour AmazonMechanical Turk\footnote{https://www.mturk.com/worker} pour des renumérotions dérisoires, permet en réalité d'entrainer des réseaux neuronales sophistiques avec des data set sur mesure.
Le deuxieme rapport, datant de 2021, amende les prévisions annoncés dans le premier et décrit quelques préoccupations susceptibles de changer nos perspectives pour les années à venir. Le ton est cette fois plus inquiet.
Concernant le cadre éthique et les efforts de régularisation de l'IA, les chercheurs notent d'abord l'effort de l'UE qui vote en 2016 le \textit{Règlement Général sur la Protection des Données Règlement} (RGPD). Ils analysent certains aspects concernant la création d'organismes nationaux de contrôle des technologies à haut risque, comme celui des \textit{Système d'armes létales autonomes} dont ils publient un étude de cas concernant louverture du feu qui devra rester conditionnée à une décision humaine. Ils évoquent également l'augmentation de l'influence des lobbies privés sur la recherche fondamentale, par la mise en place de plus en plus des études et des projets de recherche en partenariat avec les industriels. Cette mixité accrue entre la recherche académique et la recherche industrielle suscite des préoccupations éthiques. Les acteurs clé de ces transformations, les Gafa, ne font rien pour clarifier le contexte.
Tandis qu'une autre partie de ce rapport traite de la conscience humaine et son équivalent artificiel, avec les parti-pris des acteurs concernés. D'une manière pragmatique, l'étude reconnait les limites du traitement de l'information consciente dans la cognition humaine. Cela donne suite é des modèles de plus en plus basés sur des solutions émergents plutôt que sur une conception centrale de \textit{conscience}. Les humains intègrent des informations provenant de multiples sources : notre cerveau, notre corps physique, les objets physiques et les entités sociales (comme par exemple l'internet). D'une manière analogique, une machine intelligence devrait s'adapter à cette complexité, bien que nous ne comprenons toujours pas comment cela fonctionne:
\begin{quote}
``De manière connexe, il y a une reconnaissance accrue de l'importance des processus qui soutiennent l'action intentionnelle, l'intentionnalité partagée, le libre arbitre et l'agence. Mais il y a eu peu de progrès fondamentaux dans la construction de modèles rigoureux de ces processus. Les sciences cognitives continuent de chercher un paradigme pour étudier l'intelligence humaine qui perdurera. Cependant, la recherche dévoile des perspectives critiques—comme la cognition collective—et des méthodologies qui façonneront les progrès futurs, comme les neurosciences cognitives et les dernières tendances en modélisation computationnelle. Ces perspectives semblent essentielles dans notre quête pour construire des machines que nous jugerions véritablement intelligentes\footnote{``Relatedly, there is increased recognition of the importance of processes that support intentional action, shared intentionality, free will, and agency. But there has been little fundamental progress on building rigorous models of these processes. The cognitive sciences continue to search for a paradigm for studying human intelligence that will endure. Still, the search is uncovering critical perspectives—like collective cognition—and methodologies that will shape future progress, like cognitive neuroscience and the latest trends in computational modeling. These insights seem essential in our quest for building machines that we would truly judge as intelligent.” }.”
\cite{littman2022gathering}
\end{quote}
La critique du récit de la \gls{Singularité} a été soulevée sous divers angles. Les partisans du transhumanisme comme Kurzweil et Bostrom voient l'intelligence comme une propriété unidimensionnelle, modélisable par des équations mathématiques et atteignable avec des super-ordinateurs. Alors que d'un point de vue philosophique, la singularité peut correspondre à un mythe\cite{ganascia2017mythe} moderne. Dans l'historie de la religion, les mythes des peuples de la préhistoire sont différentes de celles de notre époque, étant fondés sur des présupposés ontologiques différentes. Selon Mircea Eliade, ces croyances et coutumes archaïques reposent sur une distinction claire entre le sacré et le profane\cite{eliade1949mythe}. Aujourd'hui cette séparation n'est plus d'actualité. De plus en plus des philosophes et sociologues notent la porosité des notions qui décrivent et identifient nos expériences phénoménologiques\cite{bauman2006vie, virilio2000ctheory}. Dans les media, quand elle n'est pas critiquée l'expérience spirituelle est banalisée au point dêtre dépourvue de son essence sacré. Ce type de \textit{pseudo-sacre} devient accessible au travers la technologie, au moins pour les défenseurs de la these transhumaniste. Dans son livre \textit{Leurre et malheur du transhumanisme} (2018), Olivier Rey analyse un type de propagande propre à lidéologie transhumaniste, issue d'une forme d'innovation dite \textit{disruptive}\cite{rey2018leurre} ou qui introduit une rupture par rapport à ce qui précède dans la société. Ainsi, les argumentes en faveur du transhumanisme mettent en avant des promesses mirifiques quant à l'avenir, pour ensuite réconcilier les sceptiques et conclure que le monde change en tout cas, avant d'admettre le caractère inéluctable de lexpérience.
En contrepoids le phenomene de \textit{déterminisme technologique} voit le changement technique comme un facteur indépendant de la société. Selon cette these la société n'influence pas la technique, qui tire son évolution d'elle-même ou de la science, alors que la technique influence la société. André Leroi-Gourhan est l'un des grands représentants du courant déterministe et en particulier de l'idée que les technologies sont leur propre moteur. À propos de son étude des techniques primitives, et notamment des propulseurs, il écrit ainsi que \textit{le déterminisme technique conduit à considérer le propulseur comme un trait naturel, inévitable, né de la combinaison de quelques lois physiques et de la nécessité de lancer le harpon}.\cite{leroi1971evolution}.
Si les découvertes et applications de l'IA et de la robotique sont inscrites dans une course effrénée de l'innovation, nous pouvons observer clairement le rythme exponentiel de ces découvertes. D'ailleurs le terme \gls{dromologie} du philosophe français Paul Virilio souligne la manière dont la vitesse à laquelle quelque chose se produit peut changer la nature même d'une expérience. Il lie le progrès à la notion de progression (comme déplacement des personnes et des produits dans lespace et le temps) et à la vitesse de cette progression, pour expliquer sa these basé sur l'accident et la catastrophe. Si l'invention de l'avion a suivi de prêt celle du crash, Virilio se demande quelles seront les conséquences du progrès technologique de notre décennie.
Malgré les opportunités dans l'utilisation de l'IA, les systèmes autonomes ne doivent pas remplacer les valeurs humains.
Le rapport de 2021 met donc en grade contre la hybridation entre la recherche universitaire et la recherche industrielle en IA. Les chercheurs identifient des défis sociotechniques telles que:
\begin{itemize}
\item le biais dans les modèles de machine learning qui reproduisent et amplifient les préjugés existants
\item la manque d'équité dans les algorithmes de prise de décision de l'IA et leur répercussions dans le système de la justice et des soins de santé
\item la manque de confidentialité dans la collecte de données
\end{itemize}
Un danger plus concret que le rapport met en avant, concerne la construction de machines capables d'espionner et même de tuer à grande échelle. Cela peut savérer plus risquée qu'imaginé cinq ans auparavant. D'autant plus quand l'argument des industriels pour rassurer le grand public relevé plutôt du \textit{techno-solutionnisme} que de la recherche fondamentale. A la place d'un outil ciblé, ce phenomene désigne une IA comme solution universelle qui peut résoudre à la fois des problèmes sociaux, politiques et environnementaux. Cette approche conduit à une surestimation des capacités de la technologie et à une sous-estimation de la complexité des problèmes systémiques car souvent les adeptes du techno-solutionnisme négligeant ou minimisant les aspects éthiques et humains des problèmes. Le rapport encourage des nouvelles recherches pour re-conceptualiser les fondations des systèmes basés sur l'IA, souvent mal spécifiés:
\begin{quote}
``Nous utilisons souvent le terme déploiement pour désigner la mise en œuvre d'un système d'IA dans le monde réel. Cependant, le déploiement porte la connotation de l'implémentation d'un système technique plus ou moins prêt à l'emploi, sans tenir compte des besoins ou des conditions locales spécifiques. Les chercheurs ont décrit cette approche comme une implantation sans contexte. Les systèmes prédictifs les plus réussis ne sont pas implantés de cette manière, mais sont intégrés de manière réfléchie dans les environnements et les pratiques sociales et organisationnelles existants. Dès le départ, les praticiens de l'IA et les décideurs doivent prendre en compte les dynamiques organisationnelles existantes, les incitations professionnelles, les normes comportementales, les motivations économiques et les processus institutionnels qui détermineront comment un système est utilisé et perçu. Ces considérations deviennent encore plus importantes lorsque nous tentons de faire fonctionner des modèles prédictifs aussi bien dans différents territoires et contextes qui peuvent avoir des objectifs politiques et des défis de mise en œuvre différents\footnote{ ``We often use the term deployment to refer to the implementation of an AI system in the real world. However, deployment carries the connotation of implementing a more or less ready-made technical system, without regard for specific local needs or conditions. Researchers have described this approach as context-less dropping in. The most successful predictive systems are not dropped in but are thoughtfully integrated into existing social and organizational environments and practices. From the outset, AI practitioners and decision-makers must consider the existing organizational dynamics, occupational incentives, behavioral norms, economic motivations, and institutional processes that will determine how a system is used and responded to. These considerations become even more important when we attempt to make predictive models function equally well across different jurisdictions and contexts that may have different policy objectives and implementation challenges.” }.”
\cite{littman2022gathering}
\end{quote}
Ainsi intégrer avec succès de l'IA dans des contextes de prise des décisions publiques à fort enjeu, nécessite une compréhension approfondie et multidisciplinaire du problème et de son contexte. Par l'amélioration des relations entre les développeurs et les communautés qui en bénéficient, ainsi que par une compréhension nuancée des limites des approches techniques, les chercheurs qui ont participé à cet étude, espèrent re-équilibrer le rapport entre les valeurs sociales et celles du marché de l'IA:
\begin{quote}
``Il est désormais urgent de réfléchir sérieusement aux inconvénients et aux risques que révèle l'application généralisée de l'IA. La capacité croissante à automatiser les décisions à grande échelle est une arme à double tranchant; des deepfakes intentionnels ou simplement des algorithmes incontrôlables faisant des recommandations cruciales peuvent conduire à ce que les gens soient induits en erreur, discriminés et même physiquement blessés. Les algorithmes entraînés sur des données historiques sont susceptibles de renforcer et même d'exacerber les biais et les inégalités existants. Alors que la recherche en IA a traditionnellement été du ressort des informaticiens et des chercheurs étudiant les processus cognitifs, il est devenu clair que tous les domaines de la recherche humaine, en particulier les sciences sociales, doivent être inclus dans une conversation plus large sur l'avenir du domaine. Minimiser les impacts négatifs sur la société et améliorer les aspects positifs nécessite plus que des solutions technologiques ponctuelles ; maintenir l'IA sur la voie des résultats positifs pertinents pour la société nécessite un engagement continu et une attention constante\footnote{``It is now urgent to think seriously about the downsides
and risks that the broad application of AI is revealing. The increasing capacity to automate decisions at scale is a double-edged sword; intentional deepfakes or simply unaccountable algorithms making mission-critical recommendations can result in people being misled, discriminated against, and even physically harmed. Algorithms trained on historical data are disposed to reinforce and even exacerbate existing biases and inequalities. Whereas AI research has traditionally been the purview of computer scientists and researchers studying cognitive processes, it has become clear that all areas of human inquiry, especially the social sciences, need to be included in a broader conversation about the future of the field. Minimizing the negative impacts on society and enhancing the positive requires more than one-shot technological solutions; keeping AI on track for positive outcomes relevant to society requires ongoing engagement and continual attention.” }.”
\cite{littman2022gathering}
\end{quote}
\begin{quote}
``Un ouragan n'essaie pas plus de nous tuer qu'il n'essaie de faire des sandwichs, mais nous donnerons un nom à cette tempête et nous nous mettrons en colère contre les seaux de pluie et les éclairs qu'il déverse sur notre quartier. Nous brandirons nos poings vers le ciel comme si nous pouvions menacer un ouragan. Il est tout aussi irrationnel de conclure quune machine cent ou mille fois plus intelligente que nous nous aimerait et voudrait nous protéger. Cest possible, mais loin dêtre garanti. À elle seule, une IA ne ressentira pas de gratitude pour le don dêtre créée à moins que ce ne soit dans sa programmation. Les machines sont amorales et il est dangereux de supposer le contraire\footnote{``A hurricane isn't trying to kills us any more that it's trying to make sandwiches, but we will give that storm a name and fell angry about the buckets of rain and lightning bolts it is trowing down on our neighborhood. We will shake our fists at the sky as if we could thraten a hurricane. It is just as irrational to conclude that a machine one hundred or one thousand times more intelligent than we are would love us and want to protect us. It is possible, but far from guaranteed. On its own an AI will not feel gratitude for the gift of being created unless is in its programming. MAchines are amoral, and it is dangerous to assume otherwise.” }.”
\cite{barrat2023our}
\end{quote}
Sur son blog, Rodney Brooks s'est engagé a faire des prédictions sur les avancées technologiques d'ici 2050 lors de sa 95éme anniversaire\footnote{http://rodneybrooks.com/predictions-scorecard-2024-january-01/}
Il s'agit de ma sixième mise à jour annuelle sur la façon dont mes prédictions datées du 1er janvier 2018 concernant (1) les voitures autonomes, (2) la robotique, l'IA et l'apprentissage automatique, et (3) les voyages spatiaux humains, ont tenu le coup. J'ai alors promis de les revoir chaque année en début d'année jusqu'en 2050 (juste après mon 95e anniversaire), trente-deux ans au total. Lidée est de me tenir responsable de ces prédictions. Dans quelle mesure avais-je raison ou tort ?
Concernant les robots:
Un robot qui semble aussi intelligent, aussi attentif et aussi fidèle qu'un chien. not earlier than 2048
Cest bien plus difficile que la plupart des gens ne limaginent : beaucoup pensent que nous y sommes déjà ; Je dis que nous n'en sommes pas du tout là.
Un robot qui a une idée réelle de sa propre existence, ou de l'existence des humains, de la même manière qu'un enfant de six ans comprend les humains. pas de son vivant
\cite{ganascia2017mythe}
Faut-il craindre lintelligence artificielle ? Grande question, et dabord parce quelle revient sans cesse, depuis les années 60 environ,
Cest dailleurs par un tableau de ces inquiétudes que Jean-Gabriel Ganascia ouvre son livre : cest par exemple, Stephen Hawking, le célèbre physicien et cosmologiste britannique, qui lance un cri dalarme en 2014 contre les technologies susceptibles de devenir incontrôlables, cest Kevin Warwick, cybernéticien qui se fait connaître du grand public en 1998 lorsquil exhibe à la presse la puce de silicium pour montrer que lon peut lintroduire sous la peau et transformer ainsi le corps en organisme cybernétique, ou cest encore le chercheur belge, Hugo de Garis, qui va jusquà imaginer une guerre mondiale et fratricide entre cosmits , détenteurs dune intelligence artificielle, et les terrans qui veulent conserver à tout prix lhomme à sa suprématie.
À laube du millénaire, Bill Joy, le cofondateur de la société Sun-Microsystem, prétendit sonner le tocsin en faisant paraître un article retentissant intitulé : \textit{Pourquoi le futur na pas besoin de nous ?} (2000)
\begin{quote}
À ce jour, quelle est au juste la gravité [du] danger qui pèse sur nous? [...] Le philosophe John Leslie, qui s'est penché sur la question, évalue le risque minimal d'extinction de l'espèce humaine à 30 \%. Ray Kurzweil, quant à lui, estime que \textit{notre chance de nous en sortir est supérieure à la moyenne}, en précisant au passage qu'on lui a \textit{toujours reproché d'être un optimiste}. [...] Face à de telles assertions, certains individus dignes de foi suggèrent tout simplement de se redéployer loin de la Terre, et cela dans les meilleurs délais. Nous coloniserions la galaxie au moyen des sondes spatiales de von Neumann, qui, bondissant d'un système stellaire à
l'autre, s'autoreproduisent en quittant les lieux. Franchir cette étape sera un impératif incontournable dans les cinq milliards d'années à venir [...] ; mais si l'on prend au mot Kurzweil et Moravec, cette migration pourrait se révéler nécessaire d'ici le milieu du siècle.
\cite{joy2001pourquoi}
\end{quote}
Avant et après lui, bien dautres qui, comme lui, contribuèrent à la conception des technologies de linformation et bâtirent lempire quelles ont aujourdhui sur le monde, font maintenant mine de tinter le glas funèbre pour éveiller nos consciences assoupies… Même si, de lun à lautre, la chanson et lair diffèrent quelque peu, le refrain demeure identique : nous courrons un grand risque avec le déploiement massif des technologies, car un précipice souvre devant nous. Ce qui ici, dans la formulation de Bill Joy, retient notre attention tient à la référence explicite à un futur qui naurait pas, voire plus, besoin de nous. Cette invocation du futur fait écho à dautres, par exemple au titre de louvrage de Moravec The Future of Robot and Human Intelligence ou aux noms de deux instituts de prospective très engagés, lInstitut du futur de la vie8, qui fit paraître en janvier 2015 une lettre ouverte signée des spécialistes dintelligence artificielle inquiets des conséquences du développement de leur discipline, et lInstitut sur le futur de lhumanité dOxford7 dont le seul intitulé suffit à indiquer les orientations transhumanistes.
Le futur naurait ou naura plus besoin de nous ! Prise au pied de la lettre, et sans même en discuter la cause, laffirmation déroute : de quel futur parle-t-on …
Critique des proche deugénisme
Retrace l'apparition du terme de \textit{Singularité} à l'écrivain de science-fiction Vernor Vinge qui mentionne ce terme dans son essai \textit{La singularité technologique à venir} en 1993, en s'inspirant des propos de John von Neumann dans ses équations mathématiques.
puis Isaac Asimov qui dans son nouvelle \textit{La dernière question} (1956) prédit le progrès exponentiel de la puissance de calcul des ordinateurs. Question \textit{Comment peut-on inverser l'entropie ?} posé à Multivac.
ais Jean-Gabriel Ganascia sattache à démontrer que :1) Le terme même dIA est abusivement utilisé par les promoteurs de la singularité et que les capacités des ordinateurs, aussi impressionnantes soient-elles, ne peuvent par principe leur conférer ces pouvoirs espérés ou redoutés.2) Loin dêtre neuve, la perspective de la singularité recycle de vieilles idéologies gnostiques et millénaristes, rénovées par un habillage technofuturiste, tout en étant sous-tendue par les stratégies de communication mercantiles des multinationales de linformatique.Voici un essai critique et concis sur ce thème à grand retentissement public par lun des meilleurs experts des humanités numériques.
les prophéties à propos de la Singularité reposent sur une extrapolation infondée de la loi de Moore, une épistémologie aporétique (à la fois matérialiste et dualiste dans ses prémisses) et, plus encore, sur un récit eschatologique qui a très peu à voir avec la sobre rigueur de l'esprit scientifique.
une perspective transhumaniste ou catastrophiste (non éclairée et dystopique), lesquelles versions se sont substituées au fil du temps au premier (concept
La quesion de l'ethique des machines a été abordé dés 2006\cite{anderson2007machine}
\cite{nath2020problem}
LIA ou léthique des machines sintéresse au comportement des machines envers les utilisateurs humains et peut-être aussi à dautres machines, ainsi quà léthique de ces interactions. Le but ultime de léthique des machines, selon les scientifiques de lIA, est de créer une machine qui elle-même suit un principe éthique idéal ou un ensemble de principes ; c'est-à-dire qu'il est guidé par ce ou ces principes dans les décisions qu'il prend sur les lignes d'action possibles qu'il pourrait prendre.
Avoir un esprit, c'est, entre autres, avoir la capacité de prendre des décisions et des actions volontaires. La notion desprit est au cœur de notre pensée éthique, et cela est dû au fait que lesprit humain est conscient de lui-même, et cest une propriété qui manque encore aux machines.
\begin{figure}
\centering
\includegraphics[width=0.7\linewidth]{images/AIforhumanity}
\caption{Source: \cite{ma2024ai}}
\label{fig:aiforhumanity}
\end{figure}
\cite{hunyadi2019artificial}
Comment pouvons-nous de manière plausible qualifier les robots dagents moraux artificiels ? Compte tenu de la classification utile du philosophe du domaine de lintelligence artificielle James H. Moor, qui a identifié quatre types différents déthique, je soutiendrai que le terme dagent moral artificiel est philosophiquement illégitime. Mon argumentation se développe en trois étapes : la première étape porte sur le choix même des principes éthiques à programmer dans la machine ; la deuxième étape explore les difficultés inhérentes à donner à ces principes une forme algorithmique ; et la troisième se concentre sur la difficulté suprême découlant de la nature même du raisonnement moral. Cette analyse vise à encourager la recherche sur les concepts de raisonnement et de jugement moral. En effet, une compréhension fine de ces notions devrait révéler toute létendue du problème des agents moraux artificiels ; Avant de pouvoir discuter de l'éthique des machines ou de l'éthique artificielle, nous devons, si nous voulons éviter la spéculation et l'idéologie, avoir une compréhension claire de ce qu'est l'éthique, du type de rationalité qu'elle met en œuvre et de la nature de l'éthique et de la conduite éthique en général. .
\cite{correa2023worldwide} propose une synthèse de 200 études autour de la gouvernance de lIA
La version synthétique de leur étude est disponible ici\footnote{https://nkluge-correa.github.io/worldwide\_AI-ethics/dashboard.html}
Après lhiver de lIA à la fin des années 80, la recherche sur lIA a connu une croissance remarquable. Actuellement, de nombreux travaux sont en cours pour définir les valeurs et les idées qui devraient guider les avancées de lIA. Un défi majeur réside toutefois dans létablissement dun consensus sur ces valeurs, compte tenu des perspectives diverses des différentes parties prenantes à travers le monde et de labstraction du discours normatif. Les chercheurs et les décideurs politiques ont besoin de meilleurs outils pour cataloguer et comparer les documents sur la gouvernance de lIA du monde entier et pour identifier les points de divergence et de points communs.
\cite{anderson2022future} réfléchit à la question de l'interdisciplinarité : si léthique de lIA devait devenir interdisciplinaire, le deviendra-t-elle compte tenu de lhistoire defforts similaires dans dautres disciplines technologiques, et quelles tensions ou caractéristiques inhérentes à lIA en tant que branche du développement technologique et de l'éthique en tant que branche de la philosophie, pourrait-elle empêcher l'interdisciplinarité ? Je me concentrerai principalement sur la relation interdisciplinaire potentielle entre le développement de lIA et léthique en tant que philosophie, mais je mégarerai également quelque peu dans dautres disciplines. Je conclurai en proposant quelques réflexions sur ce qu'il faut peut-être pour intégrer l'éthique dans l'engagement interdisciplinaire avec le développement technologique, par ex. le philosophe devra acquérir des connaissances techniques proportionnellement au développeur technologique qui apprendra des connaissances éthiques.
\cite{brooks2001relationship}
Appelons cela l'hypothèse du nouveau truc l'hypothèse selon laquelle il pourrait y avoir une sorte de truc supplémentaire dans les systèmes vivants qui échappe à notre compréhension scientifique actuelle. Roger Penrose, par exemple, a déjà émis l'hypothèse d'une forme faible de nouveau truc comme explication de la conscience. Il suggère que les effets quantiques dans les microtubules des cellules nerveuses pourraient être le lieu de la conscience au niveau de la cellule individuelle, qui se combine en fonctions d'onde plus grandes au niveau de l'organisme. Penrose n'a pas élaboré une théorie réelle de la manière dont cela pourrait fonctionner. Il a plutôt suggéré que cela pourrait être un élément critique qui devra être intégré dans une compréhension finale. C'est une forme faible de nouveau truc car elle ne repose sur rien en dehors du domaine de la physique actuelle. Pour certains, cela peut avoir un certain attrait en ce qu'il unifie une grande découverte en physique avec une grande question en biologie — la nature de la conscience. David Chalmers a hypothéqué une forme plus forte de nouveau truc comme explication alternative pour la conscience. Il suggère qu'un type fondamentalement nouveau, de l'ordre d'importance du spin ou du charme en physique des particules, pourrait être nécessaire pour expliquer la conscience. Ce serait une nouvelle sorte de propriété physique des choses dans l'Univers, soumise à des lois physiques que nous ne comprenons pas encore. D'autres philosophes, tant naturels que religieux, pourraient hypothéquer une entité plus ineffable comme une âme ou un élan vital — la force vitale. Une autre façon dont cette découverte inimaginable pourrait se produire est par le biais des nouvelles mathématiques. Cela ne nécessiterait pas la présence de nouvelles physiques dans les systèmes vivants.
Le Touring passé en 2014 par un chatbot qui se faisait passer par un garçon de 13 ans d'Ukraine. Hilary W. Putnam, lhypothèse du cerveau dans la cuve (1981). Supposons quun cerveau baigne dans une cuve, sans corps. Ce cerveau peut penser, mais il lui manque une dimension essentielle: il ne sait pas à quoi les mots pomme ou arbre se réfèrent, car il na pas dexpérience sensorielle du monde et il na jamais interagi avec les choses. Pour celui qui na pas de corps, les mots restent vides. Eugene Goostman peut bien employer le mot cerise, cela ne lui fait venir aucune saveur dans la bouche. vs l'argument de la chambre chinoise.
\cite{dumouchel2016vivre} les enjeux de la robotique sociale, la question de l'autonomie et des manifestations affectives trompeuses des agents artificiels
la dynamique des échanges affectifs résultat de nos intentions d'action les émotions deviennent des moments saillants des mécanismes de coordination
processus dynamique dinteractions qui détermine comment ils sont disposés à légard de leurs partenaires humains et l'inverse
les substitues mystification qui abusent de notre naïveté
chapitre 5, statut d'animaux sauvages
\cite{torrance2008ethics}
les agents artificiels manquent de certaines propriétés clés des organismes biologiques,
Le point de vue organique soutient également que la sensibilité et la téléologie nécessitent des formes d'auto-organisation et d'auto-entretien autonomes fondées sur la biologie.
Une distinction forte doit être établie entre les propriétés cognitives et phénoménologiques de l'esprit. Il est avancé que la mentalité n'est peut-être pas un domaine composite : certains types de propriétés mentales peuvent être informatiques, tandis que d'autres peuvent nécessiter une base intrinsèquement biologique.
\begin{quote}
La notion de sensibilité doit être distinguée de celle de la conscience de soi : de nombreux êtres qui possèdent la première peuvent ne pas posséder la seconde. On peut soutenir que de nombreux mammifères possèdent la sensibilité, ou la conscience phénoménale — ils sont capables de ressentir la douleur, la peur, le plaisir sensuel, etc. Néanmoins, il est généralement admis que ces mammifères ne possèdent pas couramment la capacité d'articuler ou d'être conscients, d'une manière de second ordre, de ces états sensibles, et manquent donc de conscience de soi\footnote{The notion of sentience should be distinguished from that of self-consciousness: many beings, which possess the former may not possess the latter. Arguably, many mammals possess sentience, or phenomenal consciousness—they are capable of feeling pain, fear, sensuous pleasure and so on. Nevertheless it is usually taken that such mammals do not standardly possess the ability to articulate or be aware, in a higher-order way, of such sentient states, and so lack self-consciousness.}
\cite{torrance2008ethics}
\end{quote}
\cite{wallach2020consciousness}
Quels rôles ou fonctions la conscience remplit-elle dans la prise de décisions morales ? Les agents artificiels capables de prendre des décisions appropriées dans des situations moralement chargées nécessiteront-ils une conscience machine ? La capacité de prendre des décisions morales doit-elle être considérée comme une caractéristique essentielle pour être désigné comme un agent pleinement conscient ? La recherche sur les perspectives de développement des machines capables de prendre des décisions morales et la recherche sur la conscience machine se sont développées en tant que domaines d'enquête indépendants. Pourtant, il existe un chevauchement significatif. Les deux domaines sont susceptibles de progresser grâce à l'instanciation de systèmes dotés d'intelligence artificielle générale (IAG). Certainement, des classes particulières de prise de décisions morales nécessiteront des attributs de conscience tels que la capacité à empathiser avec la douleur et la souffrance des autres. Mais dans cet article, nous proposerons que la conscience joue également un rôle fonctionnel dans la prise de la plupart, sinon de toutes, des décisions morales. Le travail des auteurs de cet article avec LIDA, un modèle computationnel et conceptuel de la cognition humaine, aidera à illustrer comment la conscience peut être comprise comme jouant un rôle très large dans la prise de toutes les décisions, y compris les décisions morales.
\cite{dodig2012robots}
est que la moralité artificielle doit venir par degrés et dépendre du niveau daction, dautonomie et dintelligence de la machine.
Des systèmes tels que les robots cognitifs sont en cours de développement et devraient faire partie de notre vie quotidienne dans les décennies à venir. Il faut donc sassurer que leur comportement est adéquat. Par analogie avec l'intelligence artificielle, qui est la capacité d'une machine à effectuer des activités qui nécessiteraient de l'intelligence chez les humains, la moralité artificielle est considérée comme la capacité d'une machine à effectuer des activités qui nécessiteraient de la moralité chez les humains. La capacité de moralité artificielle (artificielle), telle que laction artificielle, la responsabilité artificielle, les intentions artificielles, les émotions artificielles (synthétiques), etc., se manifeste à des degrés divers et dépend du type dagent.
surveillance biquiteuse, (2) ingénierie sociale, (3) robots militaires, (4) robots sexuels et (5) transhumanisme. À lexception partielle du transhumanisme, tous ces domaines dinteraction entre lIA et les services robotiques présentent déjà des problèmes éthiques dans la pratique. Mais ces cinq domaines soulèveront des préoccupations supplémentaires à lavenir à mesure que ces technologies se développeront. Ces problèmes ont de graves conséquences et il est impératif de les étudier et de les résoudre dès maintenant.
Les enjeux éthiques de lIA dans la surveillance vont au-delà de la simple accumulation de données et de lorientation de lattention : ils incluent lutilisation dinformations pour manipuler les comportements, en ligne et hors ligne, dune manière qui sape les choix rationnels autonomes. Bien sûr, les efforts visant à manipuler les comportements sont anciens, mais ils peuvent acquérir une nouvelle dimension lorsquils utilisent des systèmes dIA.
\cite{zawieska2020disengagement}
Au cours des deux dernières décennies, les défis éthiques liés aux technologies robotiques ont suscité un intérêt croissant parmi différentes communautés de recherche et non universitaires, en particulier dans le domaine de la robotique. Même si les raisons daborder la robotéthique sont claires, il faut mieux comprendre pourquoi ne pas sengager dans la question de léthique. Cet article se concentre sur un engagement limité ou absent envers l'éthique qui a lieu au sein de certaines parties de la communauté robotique et ses implications pour la conceptualisation de l'être humain. Lhypothèse sous-jacente est que le terme éthique signifie essentiellement humain. Ainsi, cet article discute une hypothèse de travail selon laquelle, en évitant de sengager dans la robotique, les roboticiens contribuent au processus tacite de déshumanisation émergeant dans et en dehors de la robotique. Une approche alternative inclut léthique vécue , qui implique non seulement dincorporer des approches éthiques formelles dans le travail des roboticiens, mais également d être éthique et de sengager réellement dans une réflexion et une pratique éthiques.
\cite{fleres2023integrative}
La racine du débat éthique sur la robotique trouve son origine dans le premier symposium international de robotique, organisé à Sanremo par le roboticien Gianmarco Veruggio en 2004.
En 2006, la première feuille de route de la robotique a été publiée.
Ce document a rassemblé toutes les réalisations atteintes au sein du Projet Atelier de Roboéthique fondé par EURON, parmi lesquels : (a) une définition de la robot-éthique qui melaccent sur mesure la différence entre l'éthique des robots, à savoir une branche déthique se concentrant sur les robots en tant quagents éthiques et les robots l'éthique, c'est-à-dire une branche de l'éthique axée sur les humains en tant que
agents construisant et utilisant des robots ; (b) la transdisciplinarité nature de la robot-éthique et une liste de toutes les disciplines impliquées. lignes; (c) un ensemble de principes éthiques pertinents pour la robotique,
basé sur des principes éthiques issus de la bioéthique et des principes fondamentaux droits humains; (d) lindividuation des principaux enjeux éthiques. cernes liés aux différents domaines de la robotique. En 2014, un
Une nouvelle étape dans le développement de la robotéthique a été marquée par les lignes directrices sur la régulation de la robotique
Cet article propose une approche intégrative de la recherche en robotique, basée sur l'introduction de l'interdisciplinarité en laboratoire. Une telle approche permettra aux chercheurs de divers domaines dacquérir une compréhension plus nuancée de la technologie, de la manière dont elle est développée et de ses impacts potentiels. Nous décrivons comment un philosophe a passé du temps dans des laboratoires de robotique de différents pays européens au sein d'une équipe interdisciplinaire, obtenant ainsi un aperçu de leurs travaux et de leurs perspectives, notamment de la façon dont les chercheurs en robotique perçoivent les questions éthiques liées à la recherche en robotique. En nous concentrant sur les questions soulevées par la motion du Parlement européen sur la robotique, nous avons développé un séminaire et un questionnaire qui ont étudié les questions d'éthique, de personnalité électronique et le rôle de la politique dans l'éthique de la recherche. Nos résultats soulignent que même si les chercheurs en robotique se soucient des implications éthiques de leurs travaux et soutiennent les politiques qui répondent aux préoccupations éthiques, ils estiment qu'il existe d'importants malentendus dans la façon dont les décideurs politiques perçoivent la robotique et l'IA, ainsi qu'un manque de compréhension et de confiance. dans, le rôle que les experts extérieurs à la robotique peuvent jouer dans la réglementation efficace de la recherche en robotique. Nous proposons qu'une approche intégrative puisse dissiper ces malentendus en démystifiant la manière dont les connaissances sont créées dans différents domaines.
scénario appelle à lintervention dune enquête éthique
assurer la durabilité sociale de la robotique . Additionner
Au niveau national, il stimule la recherche éthique sur les robots pour s'engager dans un processus de réflexion visant à dépasser les limites et lacunes qui caractérisent ses expressions actuelles. Basé sur pré-
explorations précédentes, les principales insuffisances affecter lenquête éthique contemporaine sur les robots peut être
schématiquement répertoriés comme suit manque dintégration disciplinaire efficace. Sur celui
dautre part, des chercheurs issus de disciplines traditionnellement
préoccupé par les questions éthiques, de la philosophie et d'autres
des sciences humaines aux disciplines des sciences sociales, ne sont pas nécessairement
manquent souvent dexpertise en matière déthique.
Absence dun corpus interdisciplinaire de connaissances sur
linnovation et la transformation générées par les robots
au niveau sociétal. Actuellement, l'ensemble des connaissances
disponibles sur les robots ont tendance à se concentrer sur les aspects techniques.
Explorations des processus de production, intégration et limpact social des robots qui considèrent leur
dimensions multiples (par exemple, anthropologique, psychologique)
cal, socioculturel, politique, ontologique, épistémologique
dimensions), ainsi que leurs interconnexions, sont encore en
leurs premiers balbutiements et il n'existe pas encore d'approche convenue pour
mener une enquête éthique.
Déterminisme technologique .
souvent, le débat éthique tend à considérer notre société
contextes en tant quobjets passifs dactions transformatrices exercées
cisé par les robots, et ne détecte pas la dynamique des
détermination mutuelle entre société et robotique dans
auquel sinscrit le développement des robots
Une résistance à la création de nouveautés éthiques.
Il existe une tendance diffuse à résoudre les problèmes émergents
de robot-éthique, certainement nouvelle, avec des principes éthiques préexistants
approches, développées pour aborder des questions ethniques complètement différentes.
questions iques. Le recours intensif à des principes éthiques en est un bon exemple.
cadres développés dans le domaine de la bioéthique pour aborder
questions éthiques liées à la robotique.
La stagnation du débat éthique, qui apparaît souvent
polarisée dans lalternative stérile entre techno-enthousiasme et technophobie utopie technologique
anisme et pressentiment dystopique
Une fois que nous avons compris une technologie dans son contexte, nous devons façonner notre réponse sociétale, y compris la réglementation et la loi.
La trace de données que nous laissons derrière nous est la façon dont nos services gratuits sont payés mais nous ne sommes pas informés de cette collecte de données et de la valeur de cette nouvelle matière première, et nous sommes manipulés pour laisser toujours plus de données de ce type. Pour les big 5(Amazon, Google/Alphabet, Microsoft, Apple, Facebook), la principale partie de leur activité de collecte de données semble reposer sur la tromperie, lexploitation des faiblesses humaines, lencouragement de la procrastination, la génération de dépendances et la manipulation
Dans cette économie de la surveillance, lobjectif principal des médias sociaux, des jeux vidéo et de la majeure partie dInternet est dattirer, de maintenir et de diriger lattention et donc la fourniture de données. \textit{La surveillance est le modèle économique d'Internet} (Schneier 2015). Cette économie de surveillance et dattention est parfois appelée {capitalisme de surveillance} (Zuboff 2019). Cela a donné lieu à de nombreuses tentatives pour échapper à lemprise de ces entreprises, par exemple dans des exercices de minimalisme (Newport 2019), parfois à travers le mouvement open source, mais il semble que les citoyens daujourdhui ont perdu le degré dautonomie nécessaire pour s'évader tout en poursuivant pleinement leur vie et leur travail. Nous avons perdu la propriété de nos données, si propriété est ici le bon rapport. Nous avons sans doute perdu le contrôle de nos données.
\section*{Conclusion chapitre 1}
\section*{Ouverture}
\begin{quote}
``Déléguer de la conscience aux machines, signifie faire de la conscience une propriété objective, une propriété physique. Chercher cela parce que nous autres, membres tard-venus dune civilisation occidentale qui déclare avoir vaincu ses origines mythiques, pensons vivre dans un monde fait uniquement dobjets physiques. À partir de là, tout ce qui paraît non physique ne peut être quune propriété ou un sous- produit de quelque objet physique. Mais au nom de quoi pense-t-on cela ? Au nom dune hypostase tacite des objets de la connaissance scientifique et de la manipulation technologique.”
\cite{bitbol2018cp}
\end{quote}
Au delà de leur message artistique, ces performances aident à comprendre l'impact de la technologie numérique sur les interactions sociales. Selon Kozel, nous découvrons les autres à travers des systèmes informatiques interactifs.
\textit{La puissance de calcul que permet un réseau de 16 milliards de neurones corticaux dépasse notre imagination
actuelle. Ce réseau fluctue sans cesse d'une façon partiellement
autonome, créant ainsi un monde interne de représentations
subjectives. Même lorsqu'il est confronté à des entrées sensorielles strictement identiques, il ne réagit pas de la même manière en fonction de son humeur, de ses buts et de ses souvenirs. Le code neural varie également d'un cerveau à l'autre. Bien que nous partagions tous le même attirail de neurones codant pour la couleur, la forme ou le mouvement, les détails de leur organisation résultent d'un long développement qui sculpte différemment chacun de nos cerveaux, en amplifiant ou en éliminant certaines de nos synapses.\cite{dehaene2014odile}
}
\begin{quote}
``Consciousness emerges from the mastery of sensorimotor knowledge resulting from the interaction between agent and environment, with the view that the living body's homeostatic regulation is crucial to self and consciousness.”
\cite{ziemke2007embodied}
\end{quote}
\begin{quote}
``The body by mid century came to be visualisable from outside itself. But what it saw from this exterieur viewpoint was a picture or portrait of its own appearance.” \cite{foster2010choreographing}
\end{quote}