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Chapitre 2. Perception du corps et du mouvement dans la robotique
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Affective schemas remain unconscious when not matched with accommodation. J.
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Piaget
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2.1 Approche cognitiviste pour la compréhension du corps
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2.1.1a Types de cognition
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Pour témoigner de la difficulté de nommer les termes qui concernent ce chapitre,
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et les appartenances que chaque auteur réclame, nous introduisons la définition
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de l’artiste Simon Penny qui dans son anthologie Making sense: cognition,
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computing, art and embodiment, énumère les quelques définitions en lien avec la
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cognition :
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“Confusion arises when discussing cognition, because several schools of thought
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have quite different interpretations. As noted in part I, the autopoietic
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conception of cognition is incompatible with the cognitivist conception (which
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is derived from Anglo-American analytic philosophy, though analytic
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philosophers have accused cognitivists of being a bit sloppy). Continental
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philosophers (phenomenologists) draw distinctions differently. When Lakoff and
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Johnson talk about the cognitive unconscious, their conceptions of the conscious
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and unconscious diverge from Freudian ideas. One reason for this confusion of
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terminology is precisely the condition of the paradigm shift itself. Neologisms
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(some of them clunky) and borrowings from other languages abound because
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existing language is built around dualist concepts. New language is needed.
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Maturana and Varela coine autopoiesis. Gibson invented affordance. Likewise
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umwelt and enactivim and other terms are now part of a new vocabulary.”(Penny
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Making sense P. 195)
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Au début du XXe siècle, entre un vision matérialiste et son contrepoids marqué
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par le dualisme corps-esprit, des chercheurs tels Raymond Ruyer (citer papier
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Ruyer) ou Bergson (citer matière et mémoire) expliquent l’activité cognitive
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par la réalité physiologique du cerveau et son lien avec le corps. Ainsi Ruyer
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affirmait que “c’est du cerveau réel, de sa subjectivité, que naissent les
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sensations”, alors que pour Bergson le cerveau est un instrument en relation
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avec le corps (citer Andrieu) dont le mouvement est compris par la mécanique.
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Toujours pour Ruyer: “Le cerveau n’est pas un instrument, une machine à
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fabriquer la conscience, la subjectivité. Comment une machine le pourrait-elle?
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Tout l’organisme est, en soi, subjectivité. Le cerveau est un instrument à
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transporter, appliquer la conscience primaire de l’organisme à la tâche
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d’organisation du monde extérieur…le cerveau est le lieu de l’organisme par où
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passent les circuits externes, la fabrication des outils et des machines, la
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création des oeuvres d’art, des institutions sociales, l’organisation et
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l’entretien de tous les produits de la culture. Le cerveau est en nous comme une
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partie embryonnaire conservée. (...) Le “je” psychologique et cortical est le
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résultat d’un devenir mais second car il côtoie l’organique de sa mémoire
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corporelle. Cette coexistence est une intégration plutot qu’un emboîtement, car
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l’activité de la conscience ne peut être séparée de son tissu vivant, se
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définissant ainsi comme une conscience sensorielle” (citer Andrieu p.10)
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Dans notre contexte spécifique, cette conscience du corps, de son vécu immanent
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continent un savoir non-réfléchi et involontaire qui peut se cultiver par des
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pratiques somatiques et d’éveil corporel. Notre démarche est d’attribuer au
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mouvement une place primordiale dans la constitution de la conscience et de
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l’être en général.
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La theorie 4E de la cognition (The 4E cognition theory)
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https://www.researchgate.net/publication/280447321_Introduction_to_the_Special_Issue_on_4E_Cognition
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Nous présentons le concept de cognition sous l’angle de la théorie 4E dont les
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débats actuels se concentrent sur le lieu où se trouve la cognition et son lien
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avec la perception et l’action.Une des prémisses de cette théorie est que
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l’activité perceptive-motrice est constitutive pour la cognition (citer).
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La théorie 4E de la cognition défend l’hypothèse selon laquelle la cognition est
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plus qu’un modèle cartésien d’opération dans le cerveau. L’idée que le cerveau
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est similaire à un ordinateur, promeut les phénomènes cognitifs entièrement
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déterminés par leur rôle fonctionnel. Cependant dans la théorie 4E de la
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cognition, les phénomènes cognitifs sont étudiés en lien avec leur
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environnement. Des processus comme les détails biologiques et physiologiques du
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corps d’un agent, définies comme des processus extra-crâniens, sont analysés
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dans son environnement naturel actif. Cela donne suite à deux hypothèses
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d’analyse: selon l’hypothèse forte, les processus cognitifs sont essentiellement
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produites lors des processus extra-crâniens ; alors que pour l’hypothèse faible,
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ils y sont seulement à moitié résultats des processus extra-crâniens. Ces
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processus extra-crâniens sont à leur tour corporels (selon la dichotomie
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cerveau-corps) ou extracorporels (impliquant un couplage
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cerveau-corps-environnement).
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Le livre offre des précisions concernant les caractéristiques centrales de la
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théorie 4E, basée sur: la cognition incarnée ou incorporée (embodied), la
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cognition ancrée (embedded),la cognition énactée (enacted) et la cognition
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étendue (extended).
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Dans les prochaines pages, un sub-chapitre de notre étude porte sur la cognition
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incarnée, dont les désaccords entre les comportementalistes et les
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cognitivistes, la situent au cœur des débats en neurosciences. Dans notre
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contexte, cette propriété de la cognition d’être incorporée signifie être
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causalement dépendante de processus extracorporels qui ont lieu dans
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l’environnement proche du corps. Un autre sous-chapitre traite de l’enaction,
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vue par le neurologue Francesco Varela comme thèse sur la continuité entre la
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vie et l’esprit.
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L’approche traditionnelle de la cognition se concentre sur les processus
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neuronaux, alors que la théorie de la cognition 4E vise plutôt l’action
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incarnée dans le corps. Cette théorie amène des nouvelles façons d’intégrer la
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complexité des phénomènes cognitifs. Ces phénomènes sont étudiés sous un angle
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physiologique, suivant les avancements dans plusieurs domaines connexes. Dans
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son introduction au livre dédié à cette théorie (cite Menary), la position
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intégrationniste du philosophe Richard Menary offre une nouvelle contribution à
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l’approche incarnée et intégrée. Pour lui, les systèmes cognitifs fonctionnent
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grâce à l’intégration des fonctions neuronales et corporelles avec les fonctions
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de représentation.
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Cognitivisme
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La théorie 4E de la cognition marque également une rupture avec la vision
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traditionnelle du cognitivisme- centrée autour de représentations et calculs
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mentaux. Ce courant apparu dans les années 1950 a été promu entre outre par les
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recherches de Jean Piaget sur la biologie du développement et sur les
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découvertes en cybernétique, établie comme alternative à une science de l’esprit
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selon Varela:
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“The central intuition behind cognitivism is that intelligence—human
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intelligence included—so resembles computation in its essential characteristics
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that cognition can actually be defined as computations of symbolic
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representations. Clearly this orientation could not have emerged without the
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basis laid during the previous decade. The main difference was that one of the
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many original, tentative ideas was now promoted to a full-blown hypothesis, with
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a strong desire to set its boundaries apart from its broader, exploratory, and
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interdisciplinary roots, where the social and biological sciences figured
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preeminently with all their multifarious complexity.” (Varela P. 40)
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Les modèles théoriques et pratiques inspirés par cognitivisme, comme le
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constructivisme, placent les mécanismes de construction active des savoirs et
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l’apprentissage au centre de leur préoccupation. A son tour, le cognitivisme
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hérite des approchés précédentes la préoccupation pour le comportement, à la
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place des processus internes de cerveau, comme processus d’acquisition de
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savoirs. Un des questionnements du cognitivisme est de démontrer comment les
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états intentionnels qui ont des propriétés causales (désirs, intentions), sont
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physiquement possibles et capables de provoquer un comportement. Pour expliquer
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cela, Valera utilise la notion de calcul symbolique où les calculs sont définis
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comme opérations sur des symboles qui respectent ou sont contraints par ces
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valeurs sémantiques. Cependant il souligne qu’un ordinateur ne fonctionne que
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sur la forme physique des symboles qu’il calcule; il n’a pas accès à leur valeur
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sémantique. Avec le temps, l’idée que la logique ne suffit pas pour simuler et
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comprendre le fonctionnement du cerveau, dont le fonctionnement est distributif,
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a fait émerger de points de vue contradictoires sur le cognitivisme.
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Dans le livre “4E Cognition: Historical Roots, Key Concepts, and Central
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Issues”, Albert Newen, Shaun Gallagher, and Leon De Bruin offrent une
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perspective globale de la théorie 4E de la cognition. Leur chapitre
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“Brain–Body–Environment Coupling and Basic Sensory” explore le concept
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d’intentionnalité propre à cette approche. Ainsi, l’hypothèse selon laquelle la
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perception est orientée vers l’action, conduit à considérer l’intentionnalité
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motrice comme facteur qui la facilité : “The notion that perception is
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action-oriented leads to a consideration of a very basic motor intentionality —a
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concept that derives from phenomenology (e.g., Merleau-Ponty 2012), but that can
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also be found in pragmatists such as John Dewey. As Robert Brandom notes, citing
|
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Dewey, the “most fundamental kind of intentionality (in the sense of
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directedness toward objects) is the practical involvement with objects exhibited
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by a sentient creature dealing skillfully with its world” (2008, p. 178). This
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captures a form of intentionality that is built into skillful bodily movement in
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tandem with environmental demands.” Pour nous, ce genre d’intentionnalité qui ne
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part pas le résultat d’un processus mental, est représentatif pour l’état
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d’intentionnalité de geste dansé, mais aussi des robots. Alternativement, la
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notion d’incarnation, telle qu’elle est définie dans la théorie 4E, nécessite un
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couplage complexe entre le cerveau, le corps et l’environnement. Ce couplage est
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la base de tout système robotique où les processus internes sont en lien direct
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avec l’environnement.
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Le role de l’affecte Le concept d’affecte est également au cœur des études sur
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la cognition dans la théorie 4E où l’émotion est vue comme une affectivité
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située. Dans cette acceptation, la cognition n’est pas un processus
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quantifiable, similaire à un modèle informatique. L’affect nécessite une
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conception incarnée et située de la cognition. Les processus empathiques de la
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petite enfance ou les situations sociales sophistiquées qui caractérisent l’âge
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adulte, donnent une dimension plus complexe à ce phénomène. Ainsi nous
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remarquons que ce n’est pas seulement le sentiment conscient d’émotion qui est
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important. Les processus affectifs inconscients comme la faim ou la fatigue, la
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douleur ou le plaisir jouent un rôle tout aussi important, et peuvent biaiser la
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perception.
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De façon similaire, la chercheuse Branka Zei Pollermann introduit “le modèle
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unifié de cognition” basé sur les théories de Jean Piaget, Ludwig von
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Bertalanffy et Louis J. Prieto . Ce modèle stipule que les espaces affectives
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(affected spaces) facilitent des comportements adaptatifs lors des processus
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cognitifs.
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La théorie générale des systèmes trouve aujourd’hui de multiples applications.
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La modélisation des organismes humains, appelés comme “systèmes ouverts” par
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Ludwig von Bertalanffy , intéresse les roboticiens également et nous allons
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détailler cela dans les prochaines pages.
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L.J Prieto (1975) base sa théorie autour du concept de praxis (vu comme action
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intentionnelle) et la façon dont cela structure la cognition. Il identifie “une
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caractéristique qui semble apparaître toujours dans la connaissance scientifique
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et qui ne se retrouve pas, en revanche, dans la connaissance non scientifique, à
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savoir l’explicitation des concepts avec lesquels la connaissance en question
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opère.”
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Alors que Jean Piaget identifie deux concepts-clé pour caractériser
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l’interaction des systèmes dites intelligentes avec l’environnement. Le premier
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est le concept d’ assimilation des schémas de comportement préexistant et
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l’autre le concept d’adaptation- considéré comme moment d’équilibre entre deux
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états, évoquant un sentiment de plaisir si cet équilibre atteint.
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Selon la théorie de Piaget, l’intelligence humaine se développe avec l’âge
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passant par plusieurs étapes parmi lesquelles: l’intelligence
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logico-mathématique, musicale, spatiale, corporelle-kinesthésique,
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interpersonnelle et ainsi de suite. Le chercheur Olivier Houdé, specialiste en
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developpement cognitif, complète cette théorie (citer Houdé), en situant trois
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phases de l’intelligence humaine modélisés dans des algorithmes: l’intelligence
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sensori-motrice (avant 6 ans), l’intelligence opérationnelle concrète tel comme
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définie par Jean Piaget (entre 7 et 12 ans) et l’intelligence propre à la
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résistance cognitive, nommé intelligence opérationnelle formelle (de
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l’adolescence à l’âge adulte) permettant le raisonnement scientifique et l’
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apprentissage des valeurs et normes sociales.
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Dans son analyse “A unified model of cognition, emotion and action”, Pollermann
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montre comment le comportement adaptatif d’un système est défini par sa capacité
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de correspondre aux cinq critères suivants: “A.sentir l’environnement externe et
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interne, interpréter puis stocker l’information B. utiliser la mémoire et les
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signaux perceptives pour décider C. réguler les ressources internes( pour les
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humains il s’agit d’ ajustements au niveau somatique et neuroendocrin) D.
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transformer les actions choisies en modèles de comportement E. evaluer le rendu
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(perception, procession de l’information et mémoire)”
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De façon analogique, ces critères correspondent à des propriétés des émotions,
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caractérisées par des attributs comme la valence (critère A et E via des stimuli
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extérieurs), la capacité d’activation (critère C et D, selon les feedback de
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sous-systèmes) et la potence (correspondant au critère B). Plus loin en parlant
|
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des émotions, Pollermann cite le neuropsychologist Douglas Watt pour qui lorsque
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les paramètres de base dépassent les variations connues, l’état est ressenti et
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interprété comme émotionnel: “When internal physiological states are outside a
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desirable range, both visceral sensations and action dispositions are
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activated.”
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Les auteurs se questionnent également sur le rôle des représentations mentales
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concernant cette théorie.
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Dans les années 1990, Varela, Thompson et Rosch écrivent “The Embodied Mind-
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Cognitive Science and Human Experience” pour faire un état de lieu des
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caractéristiques des sciences cognitives, plus précisément la façon dont le
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cerveau, le corps et l’environnement sont intégrés dans la cognition. Ils lient
|
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l’avènement de cette discipline à celle de la cybernétique, en lui associant
|
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plusieurs découvertes qui ont influencé à leur tour d’autre domaines parmi
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lesquelles nous mentionnons: l’utilisation de la logique mathématique pour
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modéliser le système nerveux en neuroscience, l’invention des machines et
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algorithmes pour traiter de l’information et définir une intelligence
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artificielle, des mises en pratique de la théorie des systèmes en ingénierie
|
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par la théorie du contrôle en robotique, les premiers exemples de systèmes
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auto-organisés, etc.
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Concernant les prochaines étapes dans les sciences cognitives, les approches et
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directions sont différentes selon le modèle théorique qu’elles réclament comme
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point d’origine. Lors des dernières décennies, ces disciplines ont suscité
|
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beaucoup de débats entre les prises de position fonctionnelles des
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neurobiologistes qui ignorent le rôle du corps et les phénoménologues et
|
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philosophes qui visent le vécu expérientiel. La théorie de 4E est vue par la
|
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communauté scientifique comme la plus récente tentative de structurer ces
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approches et renouveler les avancées théoriques du début de XXe siècle. C’est
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également important de remarquer le fait que ces nouveaux paradigmes et concepts
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ont également engendré l’apparition des nouvelles disciplines comme la
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philosophie de l’esprit (de l’anglais : philosophy of mind) dont la question
|
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centrale est la relation entre corps et esprit et leur ancrage dans
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l’environnement, ou la philosophie des sciences (de l’anglais : philosophy of
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mind) qui étudie la nature même de l’activité scientifique et ses spécificités
|
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et l’épistémologie (du grec épistemos-”science” et logos “ discours”), dont
|
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l’objet est l’analyse critique d’une science en particulier, du point de vue de
|
||
son évolution, sa valeur, et sa portée scientifique et philosophique. C’est
|
||
également important de mentionner leur impact sur des disciplines connexes, tels
|
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les études sur la conscience, dont les débats et arguments ont suivi de pret
|
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ceux sur la cognition.
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2.1.1b Types de conscience
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Souvent nous disons qu’un organisme vivant est conscient lorsqu’il est éveillé.
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Quelle sera alors le qualificatif pour les robots ou d’autres types d’organismes
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artificiels?
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Nous partons de l’hypothèse que pour les organismes vivants, chacun a son
|
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propre ressenti concernant la conscience. Si pour l’intelligence, des propriétés
|
||
tels : calcul mental, apprentissage et mémoire arrivent à mieux définir ses
|
||
propriétés, nous avons vu plus haut que pour la conscience ce qui est important
|
||
c’est l’expérience subjective immédiate- le qualia. En parallèle avec
|
||
l’intelligence, des processus comme la perception et la motricité sensorielle,
|
||
la capacité de prédire l’environnement ou de témoigner des comportements
|
||
complexes, structurent notre imaginaire autour de cette notion. Étant donné
|
||
l’imprécision des concepts et la multiplicité des points de vue selon les
|
||
disciplines, il semble peu probable que nous nous mettions d’accord sur une
|
||
seule définition de la conscience dans notre étude. Ce qui nous intéresse
|
||
cependant est de comprendre dans quelle mesure le dualisme corps-esprit et le
|
||
matérialisme trouvent un écho dans l’exercice artistique que nous imaginons Cet
|
||
exercice prend appui sur plusieurs concepts propres à chaque vision (dualiste ou
|
||
moniste) dans une tentative de les homogénéiser.
|
||
|
||
|
||
Puisque les débats sur la conscience, comme ceux sur la cognition se heurtent
|
||
toujours à des questions de définition, nous allons tenter définir ce terme
|
||
selon différentes disciplines. La plus importante est la vision
|
||
neuroscientifique et neurobiologique du terme.
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Pour cela nous nous appuyons sur la littérature (citer livre Firston et art Anil
|
||
Seth). Selon les critères que les chercheurs emploient, il existent différentes
|
||
propriétés de la conscience.
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|
||
Un premier critère est celui du niveau de conscience, propre aux créatures
|
||
vivantes- ce niveau varie entre plusieurs étapes parmi lesquelles les états
|
||
végétatifs, les états de sommeil sans rêve et l’état d’éveil conscient vif)/.
|
||
Le deuxième est de se concentrer sur le contenu de la conscience et ainsi avoir
|
||
une connaissance réflexive de son propre état mental. Si pour les créatures
|
||
vivantes, il existe des sortes de “stimuli autoréférentiels” (citer paper
|
||
vanhaudenhuyse) (comme le fait de suivre son reflet dans le miroir) pour
|
||
détecter son propre niveau de conscience, pour les machines ce phénomène n’a pas
|
||
encore pu être implémenté. L’article (citer paper vanhaudenhuyse) propose un
|
||
schéma qui détaille la corrélation entre le niveau d’éveil et la conscience de
|
||
soi et de l’environnement. Ainsi nous apprenons qu’il existe des variations
|
||
entre l’état végetatif (propre aux patients réveillés d’une coma sans état de
|
||
conscience détectée)caractérisé par des mouvements réflexes, et l’état de
|
||
conscience minimale ou le patient est capable de comportements incohérents mais
|
||
reproductibles et soutenus, montrant de signes clairs de conscience de leur
|
||
environnement et d’eux mêmes. Plus loin les auteurs font la distinction entre la
|
||
conscience et la conscience de soi, en listant les propriétés de la conscience
|
||
de soi: “ la conscience qu’il existe d’autres consciences que la nôtre; notre
|
||
capacité de répondre adéquatement à des stimuli de l’environnement; notre
|
||
aptitude à reconnaître notre corps comme étant lenôtre; la métaconscience nous
|
||
permet de comprendre nos comportements et ceux des autres en terme de désirs
|
||
etcroyances; la connaissance que nous avons de nous-mêmes comme le narrateur de
|
||
notre propre vie” (paper vanhaudenhuyse p.529)
|
||
|
||
|
||
Cependant lorsque identifiés grâce à la neuro-imagerie fonctionnelle, les
|
||
processus autoréférentiels semblent présents seulement lors des états d’éveil
|
||
actif. Dans la même mesure, lors des états de conscience altérés dont
|
||
l’évolution n’est pas linéaire, le rapport à l’environnement est déterminant.
|
||
Nous nous demandons alors quelle analogie appliquer sur notre étude de cas ?
|
||
|
||
|
||
Il existe ensuite un autre type de classification selon la nature
|
||
phénoménologique de la conscience et son accessibilité, suivant les recherches
|
||
du philosophe Ned Block qui différencie la conscience phénoménologique (comment
|
||
une certaine expérience est perçue par le sujet) de celle définie comme
|
||
conscience d’accès (disponible pour des processus cognitifs comme le langage).
|
||
Block décrit les deux de la façon suivante: "Phenomenal consciousness is
|
||
experience; the phenomenally conscious aspect of a state is what it is like to
|
||
be in that state. The mark of access-consciousness, by contrast, is availability
|
||
for use in reasoning and rationally guiding speech and action." (citer Block)
|
||
Ainsi la conscience phénoménale résulte d’expériences sensorielles et de notre
|
||
perception mélangeant de sensations comme l’ouïe ou l’odorat, des sensations
|
||
type douleur ou perceptions type proprioception, ainsi que des émotions tel la
|
||
peur, parmi autres. A l’opposée, la conscience d’accès est disponible pour une
|
||
utilisation dans le raisonnement et pour le contrôle conscient direct de
|
||
l’action et de la parole. Pour Block, la « rapportabilité » de la conscience
|
||
d’accès est d’une grande importance pratique. Selon lui, la conscience d’accès
|
||
doit être « représentative » car seul le contenu représentatif peut figurer dans
|
||
le raisonnement. Des exemples de conscience d’accès sont les pensées, les
|
||
croyances et les désirs.
|
||
|
||
|
||
|
||
|
||
Une conséquence directe de cette classification de Block qui divise la
|
||
conscience en deux types, est le fait de considérer l’esprit comme résultant de
|
||
processus fondamentalement logiques et ainsi modélisable d’un point de vue
|
||
algorithmique. Cette vision computationnelle de l’esprit implique également que
|
||
la conscience peut être modélisée par un programme informatique. Pour détailler,
|
||
sa tentative de décrire une certaine conscience comme une conscience phénoménale
|
||
ne peut pas réussir à identifier une catégorie distincte d’états conscients.
|
||
Comme mentionné ci-dessus, Block estime que la conscience phénoménale et la
|
||
conscience d’accès interagissent normalement, mais il est possible d’avoir une
|
||
conscience d’accès sans conscience phénoménale. En particulier, Block croit
|
||
comme Dennet que les zombies (entendu ici comme des androïdes) sont possibles et
|
||
qu’un robot qui est de point de vue informatique identique à une personne,
|
||
pourrait exister tout en n’ayant aucune conscience phénoménale. Cependant à la
|
||
différence de Dannet, Block affirme qu’il existe des expériences conscientes
|
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difficilement traduisibles par des algorithmes. Pour lui, l’existence de ces
|
||
expériences relève « du problème difficile » de la conscience.
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Parmi les théories des sciences cognitives qui identifient les états
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psychologiques à des processus neurophysiologiques, la théorie de l’identité
|
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esprit-cerveau est apparue dans les années 1960. Pour les partisans de cette
|
||
hypothèse, les états mentaux et les états du cerveau sont numériquement
|
||
identiques. L’idée que les pensées et notre esprit résident exclusivement dans
|
||
des processus neurophysiologiques étant une perspective naturaliste, les
|
||
neurosciences nous permettent de comprendre en quoi certaines structures et
|
||
certains processus neurophysiologiques du cerveau sont prédictibles par des
|
||
machines. Cependant, les phénomènes mentaux sont multiples et chaque individu
|
||
les traduit différemment dans sa personnalité. Nos perceptions, sensations,
|
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désirs, et croyances sont influencés par notre contexte socio-culturel. Pour les
|
||
anticiper par des prédictions, les scientifiques doivent faire appel à d’ autres
|
||
méthodes et théories. Un courant dérivé de cette théorie de l’identité
|
||
esprit-cerveau est l’instrumentalisme, mis en place par le philosophe et penseur
|
||
Daniel Dannett. Cette théorie considère les modèles scientifiques comme des
|
||
instruments, nous permettant d’analyser et modéliser les phénomènes pour ensuite
|
||
les devancer par des prédictions. Ses positions concernant le libre arbitre et
|
||
la conscience ont suscité beaucoup de controverses. Ainsi dans son livre
|
||
“Consciousness Explained” (1991) il explique comment la conscience est le
|
||
résultat des processus cognitives et physiologiques dans le cerveau. Son
|
||
analogie de la conscience vue comme un article académique coécrit par une
|
||
poignée de scientifiques explique comment plusieurs processus mentaux peuvent
|
||
exister simultanément dans le cerveau, sans forcément se connaître l’ un
|
||
l’autre. Ce principe correspond à un état où plusieurs brouillons coexistent
|
||
simultanément et indépendamment de chaque contribution- attestant l’existence
|
||
du papier principal. En extrapolant ces principes au terme de conscience, il nie
|
||
cependant l’existence de qualia, vu comme expérience subjective directe et
|
||
personnelle. Des philosophes tels John Searle ont suggéré qu’il y a quelque
|
||
chose de fondamental dans l’expérience subjective qui ne peut pas être capturé
|
||
par les programmes informatiques conventionnels. Dans une de leurs
|
||
correspondances, Searle réponds à ses arguments de la façon suivante:
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“To make explicit the differences between conscious events and, for example,
|
||
mountains and molecules, I said consciousness has a first-person or subjective
|
||
ontology. By that I mean that conscious states only exist when experienced by a
|
||
subject and they exist only from the first-person point of view of that subject.
|
||
Such events are the data which a theory of consciousness is supposed to explain.
|
||
In my account of consciousness I start with the data; Dennett denies the
|
||
existence of the data. To put it as clearly as I can: in his book, Consciousness
|
||
Explained, Dennett denies the existence of consciousness. He continues to use
|
||
the word, but he means something different by it. For him, it refers only to
|
||
third-person phenomena, not to the first-person conscious feelings and
|
||
experiences we all have. For Dennett there is no difference between us humans
|
||
and complex zombies who lack any inner feelings, because we are all just complex
|
||
zombies.”
|
||
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||
|
||
Un des arguments le plus fameux que Searle avance dans leur débat est celui
|
||
appelé the ‘Chinese Room Argument’, où une personne enfermée dans une chambre
|
||
communique avec l’extérieur en chinois, sans comprendre les symboles chinois. Ce
|
||
fonctionnement est similaire aux algorithmes de traduction qui exécutent des
|
||
équivalences entre des mots, sans saisir leur sens.
|
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The hard problem of consciousnes
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||
Dans son article, “Facing Up to the Problem of Consciousness” le philosophe
|
||
David J. Chalmers affirme qu’il n’y a pas qu’un seul problème lorsque nous
|
||
essayons de définir la conscience. Pour lui il s’agit d’un terme ambigu en
|
||
référence à des phénomènes différents, et propose de diviser les objectifs en
|
||
deux catégories- le problème facile de la conscience et le problème difficile de
|
||
la conscience. Le problème facile de la conscience continent les hypothèses qui
|
||
pourront trouver leurs solutions dans l’avenir immédiat- notamment les processus
|
||
neurophysiologiques dans le cerveau et l’intelligence sensorielle du corps qui
|
||
donnent accès à des explications des capacités et des fonctions cognitives.
|
||
Chalmers illustre les phénomènes qui correspondent à cet état. Pour lui un état
|
||
mental est conscient lorsqu’il est décrit par des mots, ou lorsqu’il est
|
||
accessible comme ressenti interne. Un système est conscient de certaines
|
||
informations lorsqu’il traite et intègre cette information, puis modifie son
|
||
comportement en conséquence. De la même façon, une action est consciente quand
|
||
elle est délibérée. Alors que le problème difficile de la conscience atteste de
|
||
l’incapacité de modéliser certaines expériences subjectives et leur vécu. Pour
|
||
citer Chalmers: “Is undeniable that some organisms are subjects of experience.
|
||
But the question of how it is that these systems are subjects of experience is
|
||
perplexing. Why is it that when our cognitive systems engage in visual and
|
||
auditory information-processing, we have visual or auditory experience: the
|
||
quality of deep blue, the sensation of middle C? How can we explain why there is
|
||
something it is like to entertain a mental image, or to experience an emotion?
|
||
It is widely agreed that experience arises from a physical basis, but we have no
|
||
good explanation of why and how it arises. Why should physical processing give
|
||
rise to a rich inner life at all? It seems objectively unreasonable that it
|
||
should, and yet it does.”(Chalmers p.3) Son argumentation va plus loin, en
|
||
donnant l’exemple de la perception visuelle. Il décrit comment les formes
|
||
d’ondes électromagnétiques empiétant sur la rétine, sont discriminées et
|
||
catégorisées par un système visuel pour que cette catégorisation est vécue comme
|
||
la sensation de vif rouge. Ensuite, il montre comment l’expérience consciente
|
||
qui survient lorsque ces fonctions sont exécutées, est difficile à expliquer et
|
||
vérifier - correspondant à ce que la communauté philosophique a défini comme une
|
||
sorte de “lacune explicative entre les fonctions et l’expérience”. Il propose
|
||
que les théories sur la conscience traitent l’expérience comme partie
|
||
intégrante: “I suggest that a theory of consciousness should take experience as
|
||
fundamental. We know that a theory of consciousness requires the addition of
|
||
something fundamental to our ontology, as everything in physical theory is
|
||
compatible with the absence of consciousness. We might add some entirely new
|
||
nonphysical feature, from which experience can be derived, but it is hard to see
|
||
what such a feature would be like. More likely, we will take experience itself
|
||
as a fundamental feature of the world, alongside mass, charge, and
|
||
space-time.”(Chalmers p.14) En anglais le terme de conscience permet une
|
||
déclinaison en deux instances, celle de conscience comme vécu expérientiel et
|
||
celui d’awareness ou forme de réceptivité caractérisé par le principe de la
|
||
cohérence: “Various specific hypotheses have been put forward. For example,
|
||
Crick and Koch (1990) suggest that 40-Hz oscillations may be the neural
|
||
correlate of consciousness, whereas Libet (1993) suggests that
|
||
temporally-extended neural activity is central.If we accept the principle of
|
||
coherence, the most direct physical correlate of consciousness is awareness: the
|
||
process whereby information is made directly available for global control. The
|
||
different specific hypotheses can be interpreted as empirical suggestions about
|
||
how awareness might be achieved. For example, Crick and Koch suggest that 40-Hz
|
||
oscillations are the gateway by which information is integrated into working
|
||
memory and thereby made available to later processes. Similarly, it is natural
|
||
to suppose that Libet’s temporally extended activity is relevant precisely
|
||
because only that sort of activity achieves global availability.” Pareil au
|
||
Chalmers, Block croit que nous pouvons avoir des expériences conscientes qui ne
|
||
sont pas traduisibles par des algorithmes de calcul. Un exemple de conscience
|
||
phénoménale discuté par Block est un bruit fort que nous ne remarquons pas
|
||
consciemment parce que nous faisons attention à autre chose. Dans sa
|
||
classification, le fait d’entendre le bruit (puisque nous ne pouvons pas couvrir
|
||
notre oreille comme la paupière) relève de la conscience phénoménale alors que
|
||
le fait de ne pas s’en rendre compte relève de la conscience d’accès. Cela
|
||
suggère que ce type de conscience phénoménale décrite par Block, est basée sur
|
||
une activité cérébrale classifiée comme inconsciente donc difficilement
|
||
modélisable par des algorithmes de calcul.
|
||
|
||
|
||
Le rôle de l’introspection L’introspection peut nous permettre d’être conscients
|
||
des processus mentaux qui semblent avoir une séquence linéaire comme la
|
||
production de la parole ou des lignes de raisonnement. Elle agit également lors
|
||
des actes artistiques. Pendant la phase de création, un artiste sonde son
|
||
imaginaire pour clarifier ses intuitions. Lorsque nous faisons référence à
|
||
l’exemple de Block, c’est intéressant de mentionner un possible scénario où la
|
||
personne aurait prêté attention au bruit auparavant ignoré, comme un type
|
||
d’expérience subjective, à la limite de la conscience d’accès, pour ensuite
|
||
déterminer à partir de quand le bruit est devenu conscient. Cette introspection
|
||
liée à un stimulus extérieur, trouve son équivalent dans l’acte d’introspection
|
||
de l’artiste qui veut mieux comprendre sa démarche. La distinction de Block
|
||
entre conscience phénoménale et conscience d’accès a des implications
|
||
importantes pour les neuroscientifiques et les informaticiens qui cherchent à
|
||
modéliser une conscience artificielle dans des dispositifs tels les robots. Mais
|
||
une fois cette intention exprimée, comment pouvons-nous savoir si l’algorithme
|
||
a produit une conscience semblable à celle de l’homme? Dans la même mesure,
|
||
produire ces expériences subjectives de la conscience phénoménale dans des
|
||
robots implique des considérations éthiques. Heureusement le moyen pour doter
|
||
rationnellement les machines de nos expériences personnelles, parfois
|
||
irrationnelles, n’est pas encore à notre portée. Selon les avancées des sciences
|
||
cela pourra se faire par des mécanismes non informatiques. Même si la communauté
|
||
scientifique est divisée et de nombreux neuro-biologistes et informaticiens
|
||
estiment que les philosophes sont trop pessimistes quant aux capacités des
|
||
algorithmes à modéliser la conscience humaine, il est important de comprendre
|
||
nos motivations et intentions face à cela. Peu importe ce que nous identifions
|
||
comme processus physiques qui génèrent la conscience, tant que nous ne pouvons
|
||
pas comprendre comment ils se manifestent dans chaque individualité nous ne
|
||
comprendrons pas leur impacte une fois réalisée. Mais une fois cela fait, il
|
||
reste toujours un problème de vérification car en construisant des machines qui
|
||
fonctionnent comme nous, nous n’avons aucun moyen de savoir si le rendu
|
||
biologique suffit pour une expérience intérieure interne. En d’autre termes,
|
||
comment pouvons-nous savoir si un robot a une conscience phénoménale alors que
|
||
notre moyen actuel pour déterminer cela dans les humains passe par le vécu
|
||
expérientiel?
|
||
|
||
|
||
D’autres philosophes tels Thomas Nagel affirment qu’il est impossible de
|
||
déterminer les points communs entre une expérience directe, évoquée à la
|
||
première personne et les descriptions à la troisième personne des expériences
|
||
passées qui forment à leur tour des modèles. Dans son article "What Is It Like
|
||
to Be a Bat?" (1974) traduit en français par “ Qu’est-ce que cela veut dire
|
||
d’être un chauve-souri?”, le philosophe décrit la conscience comme un phénomène
|
||
partagé par beaucoup des organismes vivants (notamment les mammifères dont le
|
||
chauve-souris), dans le même temps faisant une distinction entre conscience et
|
||
perception sensorielle. Pour lui, ce que tous les organismes partagent, c’est ce
|
||
qu’il appelle le « caractère subjectif de l’expérience ». Cette nature
|
||
subjective bloque toute tentative d’expliquer la conscience par des moyens
|
||
objectifs comme les neurosciences ou la robotique. L’auteur a choisi la
|
||
métaphore des chauves-souris en raison de leur appareil sensoriel originel. En
|
||
effet, les chauves-souris utilisent l’écholocalisation pour naviguer et
|
||
percevoir des objets, cette méthode de perception étant similaire à la vision
|
||
des humains. L’auteur affirme que les humains dotés de sens similaires ne
|
||
peuvent pas cependant expérimenter l’état d’esprit d’une chauve-souris, puisque
|
||
leur cerveau ne s’est pas développé comme celui d’une chauve-souris dès sa
|
||
naissance. En échange des comportements de type voler, naviguer en sonar ou se
|
||
suspendre à l’envers comme une chauve-souris, faciliteront des expériences
|
||
similaires à ce qu’une chauve-souris peut vivre. Cette hypothèse est évoqué avec
|
||
des autres mots par Penny qui mentionne l’origine du concept de spécificité des
|
||
capacités sensorielles, dans son chapitre “The biology of cognition”. Ainsi
|
||
Penny mentionne le travail du biologiste Jacob Von Uexkull, au début du XXe
|
||
siècle : “Von Uexkull argued that the experiential world of a creature is
|
||
specific to that species, given to it by virtue of its particular suite of
|
||
sensorimotor capabilities. He called this the creature’s umwelt, which we might
|
||
translate as life-world or experience-world. Put simply, in sensory experience,
|
||
there is no objective world "out there." By this logic, mind and world are
|
||
simultaneously cocreated. (...)Different species do not share umwelts, even if
|
||
they happen to be physically colocated. Umwelts may intersect, like Venn
|
||
diagrams, in which case different species can identify similar things. Creatures
|
||
may cohabit the same "place" and be unaware of each other because their umwelts
|
||
do not intersect, due to differences of scale, sensory capability, and so on.
|
||
Some animals construct their umwelts via senses others do not have—such as the
|
||
infrared sensing of some snakes, the echolocation of bats, the electro-sensing
|
||
of platypus and some weakly electric fish, and the magneto-sensing of the
|
||
hammerhead shark.” (penny making sense p. 17
|
||
|
||
|
||
Ainsi selon les capacités sensorielles de chacun, il est possible d’avoir une
|
||
conscience phénoménale et d’accéder à la conscience d’accès indépendamment, bien
|
||
qu’en général, les deux interagissent.
|
||
|
||
|
||
Le papier (citer friston p. 195) liste également les propriétés de la
|
||
conscience: avoir un contenu phénoménal spécifique, être en contact direct avec
|
||
la réalité et pas ses représentations, être instantanée. La conscience dévient
|
||
alors un aspect direct et privé de la vie mentale de chacun, puisque cela nous
|
||
est impossible de faire l’expérience d’une autre conscience que la nôtre. Nous
|
||
pouvons faire cependant l’expérience d’une subjectivité, en écoutant le ressenti
|
||
d’une autre personne.
|
||
|
||
|
||
Dans son article, “Consciousness: The last 50 years.” le neuroscientifique Anil
|
||
K. Seth souligne le caractère interdisciplinaire des études sur la conscience et
|
||
la volonté de tisser des ponts entre les expériences phénoménologiques et le
|
||
fonctionnement neuronal. Pour lui, l’expérience phénoménologique ne peut pas
|
||
exister sans l’ancrage du corps dans son environnement - en anglais “ an
|
||
environment embedded embodiment processes”. Seth trace l’histoire des études sur
|
||
la conscience , en tant que phénomène neurologique identifiant une première
|
||
étape entre 1960 et 1990. Ainsi, après un intérêt particulier pour des études
|
||
comportementales, les scientifiques mettent les bases d’une nouvelle science
|
||
cognitive. Cette science atteste l’existence d’un état mental interne qui fait
|
||
la médiation entre réponse et stimulation et qui fait beaucoup de polémique à
|
||
son époque. Seth cite entre autres le psychologue Stuart Sutherland qui
|
||
affirmait en 1989 : “Consciousness is a fascinating but elusive phenomenon. It
|
||
is impossible to specify what it is, what it does, or why it evolved. Nothing
|
||
worth reading has been written on it. “ Tandis que des autres chercheurs qu’il
|
||
cite, se heurtent aux limites de leurs recherches respectives quant à l’unité de
|
||
la conscience. Il note la contribution de Michael Gazzaniga sur le fait que
|
||
possiblement la conscience se manifeste à travers plusieurs processus selon les
|
||
hémisphères cérébraux (alternant des processus cognitifs entre l’hémisphère
|
||
droit et gauche). Aussi celle de Benjamin Libert qui fait des expériences en
|
||
lien avec le libre arbitre et les mouvements volontaires.
|
||
|
||
|
||
La deuxième étape dans l’évolution des études sur la conscience commence dans
|
||
les années 1990 jusqu’au moment présent. Cette période est marqué par les études
|
||
de Christoph Koch dont le papier “Towards a neurobiological theory of
|
||
consciousness” inspirent la voie de ce qu’aujourd’hui s’appelle “the hard
|
||
problem of consciousness” ou la simulation neurobiologique de la conscience
|
||
comme processus purement physiologique. Seth mentionne également Karl Friston
|
||
dont le principe d’énergie libre (Free Energy Principle- FEP) renforce
|
||
l’hypothèse que la perception est influencée par l’action, au niveau neuronal.
|
||
Devenu entre-temps principe normatif qui décrit les systèmes adaptatifs capables
|
||
d’auto-organisation, le FEP est sujet à des nombreux débats dans la communauté
|
||
scientifique, notamment en lien avec le concept de représentation ou
|
||
modification interne propre aux organismes vivants (cite pezzulo et sims) .
|
||
|
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||
Relation conscience-action
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||
Dans le chapitre “What’s the use of consciousness” du livre The Pragmatic Turn
|
||
Toward Action-Oriented Views in Cognitive Science, résultat d’une semaine de
|
||
débats entre neurologues, psychologues et philosophes, Anil Seth décrit une
|
||
nouvelle approche dans les sciences cognitives qui vise le rôle de l’action dans
|
||
les processus cognitives et implicitement la conscience. A l’opposé des
|
||
représentations internes suite au calcul mental, l’action favorise une vision
|
||
énactée (enacted), ancrée (embedded) et incorporée (embodied) de systèmes
|
||
cognitifs. Pour Seth, cela marque une tournure pragmatique dans l’évolution de
|
||
ces sciences et leur vécu expérientiel associé. Avec ses collègues, ils
|
||
établissent quatre approche théoriques clé, pour mieux définir leur cadre: 1/ le
|
||
cerveau Baesyian (Baesyian brain) - cette approche définit la perception comme
|
||
un processus d’inférence des signaux sensorielles; elle définit aussi le rôle
|
||
des erreurs comme moyen d’affiner cette inférence 2/ la contingence
|
||
sensori-motrice (sensorimotor contingency- SMC)- pour cette approche, la
|
||
perception est une capacité d’engagement dans l’environnement qui s’améliore
|
||
avec le temps 3/ le système de control adaptatif-distributif(distributed
|
||
adaptive control- DAC)- envisage le cerveau comme outil incorporé en relation
|
||
avec l’environnement 4/ l’autonomie énactée est un principe qui stipule
|
||
l’importance de l’autonomie et de l’auto-organisation pour la cognition, en lien
|
||
avec le travail du neurologue Francesco Varela.
|
||
|
||
|
||
Une de leurs questions principales est “Comment l’action structure la conscience
|
||
et qu’est ce que détermine la cognition de l’action?”(cite page 262)
|
||
|
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||
Schema of theoretical frameworks qui ont servi comme discussions pour la
|
||
relation action-conscience. P 266 Frist
|
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|
||
La boucle perception-action-cognition
|
||
|
||
|
||
Toujours dans le même chapitre, les chercheurs Chris D. Frith et Thomas
|
||
Metzinger partent de l’idée que la conscience en tant qu’expérience subjective,
|
||
influence certains comportements. Ainsi ils abordent la question de la
|
||
conscience du point de vue de la théorie de l’évolution, en précisant que sa
|
||
présence, détectée chez certains animaux et humains, implique un “certain
|
||
avantage évolutif”. Ils identifient la relation perception-action-cognition
|
||
comme cadre d’exploration pour les expériences subjectives: “conscious
|
||
experience could then be a single, generative model of reality including a mode
|
||
of the self as currently acting, perceiving, and thinking.” (friston, p.194)
|
||
|
||
|
||
|
||
|
||
Dans le monde des machines, les résultats les plus concluants pour illustrer des
|
||
processus mentaux sont dans le domaine de l’intelligence artificielle. Avant de
|
||
comprendre ce qu’est la conscience artificielle, nous nous appuyons sur les
|
||
résultats et les problématiques propres à ce domaine.
|
||
|
||
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||
Homéostasie physiologique, IA et autopoièse
|
||
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||
|
||
Le philosophe et psychologue Zoltan Torey, décrit dans son livre “The crucible
|
||
of consciousness” la difficulté des scientifiques d’argumenter l’existence de
|
||
la conscience, au-delà du formalisme mathématico-logique. Pour lui le formalisme
|
||
est seulement une spécification des opérations et transactions neuronales dans
|
||
le cerveau. Ces opérations deviennent des instances de protocoles pour des
|
||
machines. Mais, comme le remarque Roger Penrose, que Torey cite: “Algorithms
|
||
themselves never ascertain truths. It would be as easy to make an algorithm
|
||
produce nothing but falsehood as it would be to make it produce truths. One
|
||
needs external insights to decide the validity or otherwise of an algorithm.”
|
||
Ces “discriminants externes” sont pour Torey, la preuve même que les systèmes
|
||
gouvernés par ce formalisme sont incomplets. De plus, il extrapole sa
|
||
démonstration à tout système formel- mathématique, logique ou philosophie
|
||
analytique, en précisant que le cerveau qui a généré ces formalismes par des
|
||
opérations mentales ne peut pas être modélisé par un ordinateur- puisque que cet
|
||
ordinateur ne génère pas des autres systemes à son tour.
|
||
|
||
|
||
Cela rejoint, au moins en partie, la visions de Michel Bitbol pour qui
|
||
l’expérience phénoménologique de la conscience ne peut pas être vérifié par des
|
||
critères:
|
||
|
||
|
||
“ nous n’avons rigoureusement aucun critère nous permettant de savoir, ni même
|
||
de deviner, qu’un artéfact fabriqué par nous est ou n’est pas doté de conscience
|
||
phénoménale. Il est vrai que nous pourrions tomber dessus par hasard, et mettre
|
||
en place les conditions d’une conscience phénoménale sans le faire exprès; mais
|
||
dans ce cas, nul signe, pas le plus petit indice, ne nous permettrait de savoir
|
||
que nous avons réussi (ou de savoir le contraire). C’est ce que signale à juste
|
||
titre le neurobiologiste Jesse Prinz : « À quel degré de proximité avec le
|
||
cerveau humain un ordinateur doit-il parvenir, avant que nous puissions dire
|
||
qu’il est probablement conscient ? Il n’y a aucune manière de répondre à cette
|
||
question. »” La conscience artificielle : Une critique pensée et vécue. Michel
|
||
Bitbol Archives Husserl, France Chroniques Phénoménologiques, 2018
|
||
|
||
|
||
Pour aller plus loin, des chercheurs (citer art multitudes) sintérrogent sur la
|
||
façon dont notre société s’est emparé du phénomène de l’intelligence
|
||
artificielle, notamment sa branche connexionniste avec ses prédictions calculées
|
||
et des ouvriers à la tâche qui nourrissent des algorithmes de machine learning.
|
||
Puisque cela se répercute dans toutes les domaines de nos vies, ils prônent une
|
||
culture critique de l’IA, et les biais statistiques que cela engendre, en
|
||
prenant conscience du fait que “nous sommes les sens et la conscience des
|
||
machines”. Ainsi la perspective d’une “weak AI” (où les programmes simulent et
|
||
modélisent la pensée humaine), prédomine celle de “strong AI”(où les programmes
|
||
“pensent” par elles-mêmes).
|
||
|
||
|
||
De la même manière, le neurologue Stanislas Dehaene considère que les processus
|
||
inconscients, sont la preuve que la conscience ne peut-pas être modélisée: “We
|
||
cannot be conscious of what we are not conscious of”. This truism has deep
|
||
consequences. Because we are blind to our unconscious processes, we tend to
|
||
underestimate their role in our mental life. However, cognitive neuroscientists
|
||
developed various means of presenting images or sounds without inducing any
|
||
conscious experience and then used behavioral and brain imaging to probe their
|
||
processing depth(...) Subliminal digits, words, faces, or objects can be
|
||
invariantly recognized and influence motor, semantic, and decision levels of
|
||
processing. Neuroimaging methods reveal that the vast majority of brain areas
|
||
can be activated nonconsciously.” What is consciousness, and could machines have
|
||
it? Stanislas Dehaene, Lau H, Kouider S, revue Science, 2017
|
||
|
||
|
||
|
||
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Pour mieux illustrer le concept d’intelligence artificielle, nous faisons
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référence aux raisonnements de la philosophe Catherine Malabou. Pour elle, il
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s’agit d’une relation de coopération entre humain et machine:
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“J’ai refusé dès le début de me placer dans l’optique d’une compétition entre
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homme et machine. C’est la façon de voir la plus courante, je la laisse à
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d’autres et préfère tenter d’ouvrir une autre voie. En effet, choisir la
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compétition, c’est perdre à tous les coups. Car la mise en concurrence
|
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homme/machine est un faux problème. Pour de multiples raisons. J’en évoquerai
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une seule ici. Croire qu’il existe une réalité humaine intacte de toute
|
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aliénation technologique est une illusion qui s’effondre facilement dès que l’on
|
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prend en compte le fait que le cerveau humain – parlons de lui puisque c’est
|
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bien de lui qu’il s’agit – s’est développé épigénétiquement dans son interaction
|
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avec les artefacts. Leroi-Gourhan l’explique magnifiquement. Du silex à la
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cybernétique, le mécanisme de l’interaction est le même. Notre cerveau ne peut
|
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fonctionner qu’à se mettre au dehors, à prolonger son système par des prothèses
|
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(cf. « l’exorganologie » de Bernard Stiegler), au point qu’il est impossible de
|
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faire la part, dans l’évolution cérébrale des hommes depuis la préhistoire,
|
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entre nature et technique. Un cerveau qui ne serait pas prolongé par des
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artifices serait un cerveau mort.”
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Malabou souligne la distinction entre le concept philosophique d’intellect et
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celui d’intelligence, dont l’apparition est plutôt liée au Bergson et au
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développement de la psychologie expérimentale en fin de XIXe siècle. Elle
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défend un point de vue matérialiste selon lequel: “l’esprit, l’entendement,
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disons toutes les fonctions intellectuelles, comme on voudra les appeler, sont
|
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étroitement dépendantes des bases matérielles et organiques sur lesquelles elles
|
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reposent. Ayant beaucoup travaillé sur le cerveau, je suis convaincue qu’il
|
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n’existe pas de lieu séparé qui abriterait les opérations mentales et
|
||
cognitives, elles dérivent toutes de processus neuronaux. Il est donc impossible
|
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de ne pas associer intelligence et cerveau.” Cependant, réduire l’intelligence
|
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humaine a du calcul mathématique et des termes quantitatifs, n’a pas de sens
|
||
pour elle, sauf si ce calcul invente les concepts sur lesquels il résonne. Plus
|
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spécifiquement, elle propose comme définition minima de l’intelligence
|
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“l’invention de son objet”.
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Dans un entretien avec Catherine Malabou, le cinéaste Ariel Kyrou cite le livre
|
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“Cerveau augmenté, homme diminué” du philosophe Miguel Benasayag pour qui « la
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pensée n’est pas déposée dans les réseaux de neurones comme un software figé
|
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installé dans le hardware. Elle est distribuée dans le corps et dans le milieu,
|
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dans l’échange entre l’un et l’autre, ainsi que dans l’histoire – s’inscrivant
|
||
ainsi dans une évolution complexe qui n’a aucun rapport avec celle des versions
|
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successives de logiciels enrichis de nouvelles lignes de code informatique (2.0,
|
||
2.1, 2.12, etc.). » Pour Kyrou l’aboutissement de tout cela sera une IA qui
|
||
arrive par elle-même à définir son sujet de recherche. Puis il évoque ce qu’il
|
||
identifie comme différences entre sa pensée et celle de Malabou, notamment du
|
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point de vue des conséquences que les avancées de la recherche en IA
|
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apporteront. Il évoque également ce qu’ils partagent comme opinions autour de
|
||
trois axes: “la façon dont les « techniques », du silex à l’écriture et
|
||
dorénavant au monde numérique, contribuent à fabriquer et à faire évoluer notre
|
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cerveau, comme l’ont montré l’archéologue et ethnologue André Leroi-Gourhan et
|
||
sur un registre philosophique selon moi déterminant Bernard Stiegler ; la
|
||
nécessité d’éviter tout réductionnisme, d’où qu’il vienne, qu’il se veuille
|
||
scientifique, psychologique ou philosophique ; et enfin l’importance cruciale de
|
||
laisser grandes ouvertes les portes du futur, c’est-à-dire de ne jamais réduire
|
||
l’avenir à une voie unique, qui serait connue d’avance des « sachant » de toutes
|
||
obédiences.”(citer Kyrou) La perspective théorique que dans un futur plus ou
|
||
moins lointain, un autre type d’intelligence- plurielle, imprévisible et
|
||
complémentaire à l’intelligence humaine- verra le jour. Ainsi l’intelligence
|
||
artificielle connexionniste transpose le modèle des réseaux de neurones et leur
|
||
façon de traiter l’information basée sur des calculs à des machines, tandis que
|
||
l’intelligence artificielle symbolique traite cette information par la
|
||
manipulation de symboles en explorant des données massives sur le comportement
|
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humain.
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Hémisphère droite comme symbole de la créativité Hémisphère gauche comme symbole
|
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de la pensée analytique
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2.1.2 Embodiment. Body schema vs. Body image
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Le début des années 1990 est marqué par la publication de plusieurs ouvrages
|
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comme celles de Brooks, Dreyfus et Varela, Thompson & Rosch. Plusieurs de ces
|
||
ouvrages mentionnent le terme de cognition incarnée- Embodied Cognition qui
|
||
englobe des notions en sciences cognitives, informatique et phénoménologie mais
|
||
aussi linguistique et mysticisme oriental parmi autres. TRente ans plus tard,
|
||
l’artiste et chercheur Simon Penny va plus loin dans l’appréhension du phénomène
|
||
de la conscience en le liant à celui de la cognition:
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“Cognition is held not to occur (exclusively) in the head or necessarily in some
|
||
immaterial space of logical manipulation of symbolic tokens. These approaches
|
||
propose, in different ways, that cognition is embodied; integrated with
|
||
non-neural bodily tissues; or extends into artifacts, the designed
|
||
environment,social systems, and cultural networks (...) We cannot meaningfully
|
||
speak of intelligence as occurring exclusively inside the skull, connecting to
|
||
the body and the world via mechanistic sensors and effectors. On the contrary,
|
||
cognition is biologically material and embodied, and discussing it outside such
|
||
contexts is of dubious value. Furthermore, cognition is dynamic; it occurs as a
|
||
temporally ongoing relational engagement with architectures, artifacts, tools,
|
||
language, human (and interspecies) relationships, and social systems. (...) The
|
||
computer is a machine for manipulating symbols. The world is not symbols; we
|
||
turn the world into symbols for the computer. Humans are the analog to digital
|
||
interface between the world and the internet. The world remains outside the
|
||
computer and outside the symbolic, but under the hegemony of the digital, the
|
||
conflation of the products of computing with the world, bizarrely, goes
|
||
unremarked.” Simon Penny in Making Sense: Cognition, Computing, Art, and
|
||
Embodiment (2019)
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How the body shapes the mind
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Dans son livre, Gallagher présente le rôle du schéma corporel dans une gamme de
|
||
fonctions cognitives perceptives, parmi lesquelles la différenciation de soi et
|
||
des autres. “In the beginning, that is, at the time of our birth, our human
|
||
capacities for perception and behavior have already been shaped by our movement.
|
||
Prenatal bodily movement has already been organized along the lines of our own
|
||
human shape, in proprioceptive and cross-modal registrations, in ways that
|
||
provide a capacity for experiencing a basic distinction between our own embodied
|
||
existence and everything else. As a result, when we first open our eyes, not
|
||
only can we see but also our vision, imperfect as it is, is already attuned to
|
||
those shapes that resemble our own shape. More precisely and quite literally, we
|
||
can see our own possibilities in the faces of others. The infant, minutes after
|
||
birth, is capable of imitating the gesture that it sees on the face of another
|
||
person. It is thus capable of a certain kind of movement that foreshadows
|
||
intentional action, and that propels it into a human world. “ (p.1)
|
||
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||
|
||
Dans son livre “How the body shapes the mind”, le philosophe Shaun Gallagher
|
||
avance l’idée que la compréhension scientifique et phénoménologique du corps
|
||
est essentielle pour comprendre des phénomènes tels que la conscience ou la
|
||
cognition. Son approche vise à développer un vocabulaire commun inspiré par
|
||
“les processus cérébraux en neurosciences, les expressions comportementales en
|
||
psychologie, les préoccupations de conception en intelligence artificielle et en
|
||
robotique, et les débats sur l’expérience incarnée dans la phénoménologie et la
|
||
philosophie de l’esprit”. Entre outre, son livre traite des phénomènes tels
|
||
l’apprentissage de nouveau-nés par l’imitation, la conscience de soi, le libre
|
||
arbitre, la cognition sociale et l’intersubjectivité, la perception intermodale
|
||
pour en citer quelques-unes des thématiques abordées. Gallagher aborde ces
|
||
sujets au travers des concepts comme l’’image corporelle et le schéma corporel,
|
||
la proprioception et la théorie de l’enactivisme. Une de ses hypothèses est la
|
||
théorie de l’ancrage physique ou the physical grounding hypothesis (PGH) en
|
||
anglais. Cette théorie stipule que le contenu et le fonctionnement de l’esprit
|
||
sont fondés sur les propriétés physiques et l’expérience incarnée de l’agent.
|
||
Loin de promouvoir l’influence du physique sur le mental, Gallagher souligne la
|
||
complexité des facteurs impliquées dans toute explication adéquate de la
|
||
cognition.
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|
||
Plus loin, le chercheur décrit le concept de schéma corporel et sa différence
|
||
par rapport à l’image corporelle. Ainsi dans son acceptation le schéma corporel
|
||
est un système de capacités sensori-motrices, englobant tous les aspects
|
||
non-conscients du contrôle moteur, y compris les processus sous-corticaux,
|
||
pré-moteurs et moteurs dans le cerveau. Il mentionne également les systèmes
|
||
d’information nécessaires au bon fonctionnement de ces processus. Il distingue
|
||
le concept de schéma corporel de celui d’’image corporelle vu comme résultat
|
||
des expériences perceptives du corps. Gallagher distingue les différences entre
|
||
les deux termes au niveau conceptuel, mais aussi au niveau empirique donnant
|
||
l’exemple d’un patient qui dans un état de négligence ne se préoccupe de son
|
||
image de soi pour se laver ou s’habiller. Cependant ses capacités motrices
|
||
telles que la marche ou les tâches bimanuelles telles restent intactes et il les
|
||
exerce. Cela montre que même si l’image corporelle est altérée ou endommagée, le
|
||
schéma corporel reste intact.
|
||
|
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|
||
De même, les sujets qui ont perdu un membre ont la capacité de le ressentir
|
||
(citer the limb phanom theory). Plus loin, Gallagher illustre le cas des
|
||
malformations congénitales, où le membre fantôme est signalé quelques années
|
||
après la naissance, d’habitude après une intervention chirurgicale, un accident
|
||
ou un autre événement corporel important. Ainsi la probabilité qu’un schéma
|
||
corporel ou une image corporelles soient innés, est très réduite. Dans les cas
|
||
de membres fantômes, des informations contradictoires entre la proprioception
|
||
(qui pourrait indiquer la présence d’un membre) et la vision (qui l’infirme) se
|
||
basent sur la vision.
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2.1.3 Théories sur l’enaction
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Les paradigmes sur l’énaction (enactive theory) ont émergé avec la publication
|
||
du livre The Embodied Mind que nous avons déjà mentionné plus haut. Cette
|
||
théorie stipule que les expériences perceptives ne sont pas des événements
|
||
internes dans notre tête, mais plutôt des actions que nous produisons à travers
|
||
notre exploration sensorimotrice de l’ environnement. Dernièrement les sciences
|
||
cognitives se sont orientées vers l’autonomie biologique et la subjectivité
|
||
comme concepts clés de la cognition incarnée (cite Ziemke AI).
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2.1.4 Anthropomorphism. Animacy and animacy
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Pourquoi l’intelligence a besoin d’un corps ?
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||
Dans leur livre “How the body shapes the way we think, Rolf Pfeifer et Josh
|
||
Bongard soulignent l’importance de la morphologie du corps et ainsi de
|
||
l’embodiment sur l’intelligence d’un système. Leur point de départ est le
|
||
fonctionnement humain qu’ils extrapolent aux machines, avec l’idée que pour être
|
||
intelligent, nous avons besoin d’un corps physiques:
|
||
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||
“One of the most elementary capacities of any creature is categorization: the
|
||
ability to make distinctions in the real world. If we cannot distinguish food
|
||
from nonfood, dangerous from safe objects and situations, our parents from other
|
||
people, or our home from the rest of the world, we are not going to survive for
|
||
very long. Likewise, robots incapable of making basic distinctions, e.g., a
|
||
household robot that cannot distinguish garbage from antiques, a vacuum cleaner
|
||
from a dishwasher, or pets from babies will not be very useful. We will attempt
|
||
to demonstrate that the formation of such categories is very directly determined
|
||
by our embodiment, i.e., our morphology and the material properties of our body.
|
||
Morphology includes the shape of the body, the kinds of limbs and where they are
|
||
attached, the kinds of sensors (eyes, ears, nose, skin for touch and
|
||
temperature, mouth for taste) and where on the body they are found. By material
|
||
properties we mean, for example, the deformability of the fingertips and of the
|
||
skin, or the elasticity of the muscle-tendon system. When interacting with the
|
||
real world, the body is stimulated in very particular ways, and this stimulation
|
||
provides, in a sense, the raw material for the brain to work with. As we will
|
||
see later, this raw material can be used to create categories—cups, apples,
|
||
pets, people—that describe the environment in a natural way.” (How the body,
|
||
p.2) Indépendamment des multiples perspectives et définitions impliquées dans le
|
||
concept d’ intelligence, ce que Pfeifer et Bongard considèrent intuitivement
|
||
comme intelligent est investi par deux caractéristiques: la capacité
|
||
d’adaptation et la diversité. Plus concrètement, les agents intelligents se
|
||
conforment toujours aux exigences physiques et les règles sociales de leur
|
||
environnement, et exploiter ces règles pour produire différents comportements
|
||
selon le contexte:
|
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||
“All animals, humans, and robots have to comply with the fact that there is
|
||
gravity and friction, and that locomotion requires energy: there is simply no
|
||
way out of it. But adapting to these constraints and exploiting them in
|
||
particular ways opens up the possibility of walking, running, drinking from a
|
||
cup, putting dishes on a table, playing soccer, or riding a bicycle. Diversity
|
||
means that the agent can perform many different types of behavior so that he—or
|
||
she or it—can react appropriately to a given situation. An agent that only
|
||
walks, or only plays chess, or only runs is intuitively considered less
|
||
intelligent than one that can also build toy cars out of a Lego kit, pour beer
|
||
into a glass, and give a lecture in front of a critical audience. Learning,
|
||
which is mentioned in many definitions of intelligence, is a powerful means for
|
||
increasing behavioral diversity over time.” (Rolf Pfeifer et Josh Bongard p.16)
|
||
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Le libre arbitre vs “the readiness potential”
|
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||
Pour aller plus loin et illustrer leur point de vue sur la dualité corps-esprit,
|
||
ils citent l’expérience du neurologue Benjamin Libet qui, avec ses collègues,
|
||
investigue les phénomènes qui opérant dans le cerveau au moment où une action
|
||
intentionnelle a lieu. Plus spécifiquement, l’expérience demande aux
|
||
participants de bouger leur doigt spontanément, quand ils veulent. En parallèle,
|
||
ils regardent une horloge avec un point de lumière tournant, afin d’indiquer
|
||
l’endroit où est le point sur l’horloge lorsqu’ils prennent leur décision
|
||
consciente de vouloir exécuter un mouvement de doigt. Pendant ces
|
||
instructions, Liebt et son équipe analysent l’activité cérébrale avec des
|
||
capteurs d’électroencéphalographie (EEG) et mesurent le mouvement réel des
|
||
doigts avec des capteurs électromyographiques (EMG). Leurs résultats prouvent
|
||
que le début de l’activité cérébrale commence plus d’une demi-seconde avant le
|
||
mouvement réel des doigts et plus de 300 ms avant que les sujets ne prennent
|
||
conscience qu’ils veulent bouger leur doigt. Ils définissent alors le facteur de
|
||
“readiness potential” (potentiel de préparation) - pour illustrer le fait que
|
||
la volonté consciente de bouger le doigt se produit un intervalle significatif
|
||
après le début de l’activité cérébrale pertinente. Cette expérience démontre que
|
||
le concept de libre arbitre est plus complexe à définir que ce que nous
|
||
entendons par “décisions consciente” et influe sur les débats actuels concernant
|
||
l’intelligence artificielle. Si 40 ans après cette expérience, il nous est
|
||
toujours difficile de modéliser le facteur de “readiness potential” , rendre des
|
||
robots capables de prendre des décisions “conscientes” reste un défi. Cependant
|
||
cela n’empêche pas la communauté scientifique d’imaginer d’ autres pistes
|
||
d’exploration et hypothèses de recherche.
|
||
|
||
|
||
Une de ces pistes réside dans l’importance de l’interaction avec
|
||
l’environnement. Si un agent ou un système à un corps physique (is embedded), il
|
||
est soumis aux lois de la physique qui impliquent de s’habituer à la gravité et
|
||
aux forces de friction, ainsi qu’à l’approvisionnement en énergie pour survivre.
|
||
Ainsi cela pose de nouveaux défis pour ce qu’il y a de capacité d’adaptation et
|
||
des multiples négociations entre les calculs internes et des actions directes:
|
||
“the real importance of embodiment comes from the interaction between physical
|
||
processes and what we might want to call information processes. In biological
|
||
agents, this concerns the relation between physical actions and neural
|
||
processing—or, to put it somewhat casually, between the body and the brain. The
|
||
equivalent in a robot would be the relation between the robot’s actions and its
|
||
control program.” (Rolf Pfeifer et Josh Bongard p.18)
|
||
|
||
|
||
Pour illustrer cela, ils font une comparaison entre l’action d’attraper un verre
|
||
par un humain et par un robot. Si pour l’humain, le tissu de ses bout des doigts
|
||
s’adapte à la forme du verre, le calcul de forces à appliquer se fait en
|
||
conséquence. Cependant pour une main de robot le tissu est rigide, il n’y a pas
|
||
cette possibilité d’adaptation et plus souvent le verre se casse car la force
|
||
appliquée n’est pas la bonne. Ainsi ils argumentent l’hypothèse que
|
||
l’intelligence humaine est distribuée dans tout le corps, et pas que dans le
|
||
cerveau.
|
||
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Concernant la capacité de robots d’entreprendre des actions, traduit ici comme
|
||
détermination de l’anglais agency, Ziemke affirme:
|
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“The idea behind this approach can be summarized by the slogan that ‘perceiving
|
||
is a way of acting’; or more precisely, “what we perceive is determined by what
|
||
we do (or what we know how to do)” . In other words, it is claimed that
|
||
perception is a skillful mode of exploration of the environment which draws on
|
||
an implicit understanding of sensorimotor regularities, that is, perception is
|
||
constituted by a kind of bodily know-how. In general, the sensorimotor account
|
||
emphasizes the importance of action in perception. The capacity for action is
|
||
not only needed in order to make use of sensorimotor skills, it is also a
|
||
necessary condition for the acquisition of such skills since “only through self
|
||
-movement can one test and so learn the relevant patterns of sensorimotor
|
||
dependence” . Accordingly, for perception to be constituted it is not sufficient
|
||
for a system to simply undergo an interaction with its environment, since the
|
||
exercise of a skill requires an intention and an agent (not necessarily a
|
||
‘homunculus’) that does the intending. In other words, the dynamic sensorimotor
|
||
approach needs a notion of selfhood or agency which is the locus of intentional
|
||
action in the world.” (Ziemke IA p. 473)
|
||
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|
||
Pour continuer cette idée, le chercheur se demande si les boucles
|
||
sensorimotrices disposent des moyens conceptuels pour distinguer les actions
|
||
intentionnelles d’un agent autonome des mouvements accidentels .
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2.2 L’Effet du mouvement et du toucher sur l’acceptation des robots
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Qu’il s’agisse d’un objet mobile avec une source d’énergie, programmé pour «
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sentir » et « interagir » avec son environnement (cite A. Mayor, Gods and
|
||
robots: myths, machines) ou d’un agent capable de percevoir son environnement
|
||
par des capteurs et agissant sur cet environnement par l’intermédiaire
|
||
d’effecteurs (selon la définition de Russell et Norvig dans leur sur papier
|
||
l’intelligence artificielle citée par Pfeifer et Bongard), les robots ont fait
|
||
immersion dans notre réalité depuis quelques décennies déjà. Indépendamment du
|
||
fait qu’ils exécutent du travail utile pour les humains comme imaginé
|
||
initialement par l’écrivain tcheque qui a donné leur nom (cite kopek), leur
|
||
place dans notre société est désormais acquise. Cependant, nous attendons de ces
|
||
robots qu’ils fassent précisément ce que nous voulons qu’ils fassent, avec
|
||
l’espoir qu’un jour ils seront capables de nous surprendre en proposant des
|
||
idées ou des comportements inattendus par eux-mêmes.
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2.2.1 La robotique basée sur le comportement. Behavior-based robotics (BBR)
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La robotique basée sur le comportement s’inspire des systèmes biologiques et
|
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souvent du monde animal (comportement des insectes) pour construire des
|
||
dispositifs réactifs à l’environnement. Un des caractéristiques les plus
|
||
importantes de cette discipline est l’adaptabilité des systèmes qui en font
|
||
partie. Ainsi, les robots basés sur le comportement (BBR) sont moins dotés avec
|
||
de la puissance de calcul pour réaliser des des actions et leur comportement
|
||
émerge des interactions qu’ils ont avec l’environnement. Le type d’intelligence
|
||
artificielle qui opère dans ces systèmes est inspiré par la branche faible de
|
||
l’AI. Leur programmation contient un set de base de comportements spécifiques,
|
||
selon l’environnement où ils opèrent et les problèmes qu’ils doivent résoudre.
|
||
Quand un comportement n’est pas adapté à un contexte particulier, ils
|
||
s’appuient sur des erreurs pour améliorer leur modèle interne.
|
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||
Le fondateur de cette discipline est Rodney Brooks, qui par ses expérimentations
|
||
au Massachusetts Institute of Technology, dans les années 1980, a mis les bases
|
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de la robotique basée sur le comportement. Ses premiers robots, construits à
|
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roues et à pattes, ont été construits suite à ses observations des
|
||
comportements anthropomorphiques - éviter un obstacle, s’approcher d’une source
|
||
de lumière, chercher à économiser sa batterie lors de longs trajets etc.
|
||
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||
Une des influences de Brooks est le travail de neurophysiologiste et pionnier de
|
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la robotique W. Gray Walter. Fin des années 1940, Gray Walter a développé un
|
||
certain nombre de robots simples basés sur des comportements ressemblant à des
|
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animaux. Ces prototypes de robots ont aidé Gray Walter à mieux comprendre le
|
||
fonctionnement du cerveau des animaux, par des modèles simples de leurs
|
||
opérations de base. Les plus connus sont Elmer et Elsie (abréviation de ELectro
|
||
MEchanical Robots, Light Sensitive), recouverts d’une coque en plastique
|
||
transparent similaire aux tortues. Enfant, Brooks a lu son livre- The Living
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Brain, pour ensuite construire ses propres prototypes.
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||
Connu pour sa critique de l’IA symbolique, Brooks voit la logique et le
|
||
raisonnement comme des processus mentaux propres aux humains. Au lieu de se
|
||
focaliser sur le traitement des symboles, les représentations internes et la
|
||
cognition, il propose de construire des modèles basés sur l’interaction avec le
|
||
monde réel. Ces modèles ont inspiré les théories sur l’incorporation
|
||
(embodiment) et l ’intelligence incarnée.
|
||
Schema distributed intelligence Brooks; À leur tour, ces théories ont donné
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suite à des innovations dans le domaine de l’intelligence artificielle au cours
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des trois dernières décennies. Selon (cite Ziemke), l’approche de l’intelligence
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incarnée (embodied AI) s’est imposée comme une méthodologie fiable pour
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comprendre la cognition et ainsi résoudre les problèmes fondamentaux et
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paradoxes de l’IA traditionnelle tels The Chinese Room Argument mentionné plus
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haut.
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2.2.2 Cognitive developmental robotics
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“Ce processus de reconnaissance de soi est de plus en plus étudié en robotique
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pour mimer le développement des capacités motrices et d’interaction sociale chez
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l’enfant. Mais de telles corrélations statistiques entre ce qui est perçu par
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les caméras du robot et ses ordres moteurs peuvent être calculées sans une
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quelconque notion de conscience de soi. Ici, la mesure du degré d’information
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intégrée dans le programme informatique du robot apporterait une réponse
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quantitative et précise sur le degré de conscience attendu en lien avec un tel
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processus.” prof. Raja Chatila, ISIR et le test du miroir, 2016
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Prof. Asada supervise également des études sur le développement de l’empathie
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artificielle et le rôle de la “contagion émotionnelle” dans la mimique motrice.
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Il implémente des processus de cognition que les bébés développent dans leurs
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premiers mois, à des robots artificiels. L’évolution corporelle et la croissance
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des humains est pour lui un des concepts clé de la robotique cognitive.
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“Cognitive Developmental Robotics aims at understanding human cognitive
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developmental process by synthetic or constructive approaches. Its core ideas
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are "physical embodiment" and "social interaction" that enable information
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structuring through interactions with the environment, including other agents.”
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prof. Minoru Asada, SISReCPost-cognitivisme
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2.2.3 Artificial emotions and sociable robots 2.2.4 Symmetry and synchrony Le
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rôle du mouvement sur la conscience de soi Le chercheur Tom Ziemke, professeur
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en cognitive system spécialiste dans la recherche de formes incarnées de
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conscience ou embodied cognition parle de la relation entre l’IA incarnée dans
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des dispositifs physiques et la biologie synthétique. Selon lui, un programme
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qui assure une relation entre le robot et son environnement via des capteurs et
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actionneurs, représente une forme d’IA incarnée. Son travail, inspiré par F.J.
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Varela, lie l’intelligence à l’état d’ autopoiese comme façon d’organiser la
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vie. Ziemke se demande si la conscience est essentiellement liée au domaine du
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vivant, ou si tout système autonome auto-référentiel est capable d’une forme de
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conscience.
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>>>>>>> 80af162 ([txt] Unix line endings)
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