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publisher={MIT press}
}
@book{levine2010unspoken,
title={In an unspoken voice: How the body releases trauma and restores goodness},
author={Levine, Peter A},
year={2010},
publisher={North Atlantic Books}
}
@article{latour2004talk,
title={How to talk about the body? The normative dimension of science studies},
author={Latour, Bruno},
journal={Body \& society},
volume={10},
number={2-3},
pages={205-229},
year={2004},
publisher={Sage Publications London}
}
@article{bitbol2018cp,
title={La conscience artificielle: une critique pens{\'e}e et v{\'e}cue},

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@ -533,30 +533,20 @@ J'ai ainsi proposé une séance de travail sur le lâcher prise, dans le cadre d
Cette séance a été co-dirigé avec Erika Guillouzouic, commédiene et metteuse en scène, membre active du collectif.
Son titre - \textit{Le lâcher-prise : Pensée du corps et intelligence sensorielle}- laisse déviner le postulat de départ de ce laboratoire collectif. Mon idée était de questionner la possibilité d'un restart au travers le corps, à l'intérieur d'un processus créatif intense et contraignant. Comme si je revais inconsciement trouver une recette magique à mes propres tourments.
Ainsi cette session dexpérimentation a été orientée autour des processus de recherche-création en lien avec des pratiques somatiques et des notions telles \textit{l'intelligence sensorielle}. J'avais auparavant participé à des sessions de recherche d'Open Source, proposés par des autres^. Cette fois il s'agissait pour moi, d'ouvrir ma recherche aux autres metteurs en scène, peu familiers avec la danse, la somatique et la robotique. Puis de voir comment cela s'articule avec leurs profiles, avec leurs besoins et éxperiences. Chaque participant avait son background, sa manière de faire puis aussi ses réistences quant au thème.
Ainsi cette session dexpérimentation a été orientée autour des processus de recherche-création en lien avec des pratiques somatiques et des notions telles \textit{l'intelligence sensorielle}. J'avais auparavant participé à des sessions de recherche d'Open Source, proposés par des autres. Cette fois il s'agissait pour moi, d'ouvrir ma recherche aux autres metteurs en scène peu familiers avec la danse, la somatique et la robotique. Puis de voir comment cela s'articule avec leurs profiles, avec leurs besoins et éxperiences. Chaque participant avait son background, sa manière de faire puis aussi ses réistences quant au thème.
Le corpus était constitué des exercices pratiques et des échanges théoriques, avec le focus sur un autre type d'intelligence- celle qu'opère lorsque nos sens et notre perception sactivent.
Nous avons experimenté des types de mouvement differentes des mouvements en danse contemorapine, notament des mouvements produits de façon automatique. Cela nous aide à comprendre comment les émotions peuvent influencer les caractéristiques physiques d'un corps en mouvement.
J'ai constitué le cadre de la session autour des exercices pratiques et des échanges théoriques, avec comme focus un autre type d'intelligence- celle qu'opère lorsque nos sens et notre perception sactivent- l'intelligence de l'instinct.
Nous avons experimenté des mouvements differentes de la danse contemoraine, notament des mouvements produits de façon automatique. Cela nous a fait comprendre comment les émotions peuvent influencer les caractéristiques physiques d'un corps en mouvement, comment les articulations se mettent en marche quand on écoute le vécu du corps.
Au croisement des disciplines comme la philosophie, la robotique ou les neurosciences parmi dautres, nous avons tenté définir ce que pourrait correspondre à une \textit{conscience du mouvement} propre au corps et son vécu, dans un contexte artistique. Ainsi nous nous sommes concentrès sur ce qui échappe à notre quotidien, sur ce qui met lintelligence analytique à l'arrêt pour faire place au spontané et à linattendu. En d'autre mots, nous avons cherché à laisser les corps parler.
En s'appuyant sur des réperes dans des disciplines comme la philosophie, la robotique ou les neurosciences parmi dautres, nous avons tenté définir ce que pourrait correspondre à une \textit{conscience du mouvement} propre au corps et son vécu, dans un contexte artistique. Ainsi nous nous sommes concentrès sur ce qui échappe à notre quotidien, sur ce qui met lintelligence analytique à l'arrêt pour faire place au spontané et à linattendu. En d'autre mots, nous avons cherché à laisser les corps s'exprimer.
En amont de la séance, nous avons demandé aux participantes de nous faire parvenir un récit en lien avec une expérience de lâcher prise, sous la forme dun enregistrement audio entre 3 et 10 minutes. Parmi les exemples réçues, il y avait la question du lâcher prise lors dune représentation en tant quinterprète, puis en tant que spectateur, mélangés avec des exemples de la vie privée.
Nous avons mis en place des ressources collectives pour encourager le partage des sensibilités, goûts et expériences. Cela a pris la forme des repères bibliographiques, fichiers audio, supports vidéo et image.
Les participants ont du réfléchir en amont à une musique, une image ou un objet qui leur évoque le sentiment de lâcher-prise. Un coin detente et aussi une enceinte audio ont été mises à disposition pendant toute la session, pour que chacun puisse lancer un fichier sonore et intérrompre le rythme des échanges, à tout moment.
En amont de la séance, nous avons demandé aux participants de nous faire parvenir un récit en lien avec une expérience de lâcher prise, sous la forme dun enregistrement audio entre 3 et 10 minutes. Parmi les exemples réçues, il y avait la question du lâcher prise lors dune représentation en tant quinterprète, puis en tant que spectateur, mélangés avec des exemples de la vie privée. Nous avons mis en place des ressources collectives pour encourager le partage des sensibilités, des goûts et des expériences. Cela a pris la forme des repères bibliographiques, fichiers audio, supports vidéo et images. Les participants ont du réfléchir à une musique, une image ou un objet qui leur évoque le sentiment de lâcher-prise. Un coin detente et aussi une enceinte audio ont été mises à disposition pendant toute la session, pour que chacun puisse lancer un fichier sonore et intérrompre le rythme des échanges, à tout moment.
Afin dencourager les débats et les échanges sur les disciplines transversales, j'ai mis à disposition une liste des articles scientifiques. Bien que parfois son contenu était trop ciblé ou specifique, cela pouvait inspirer notre processus de travail. Selon les échos et les discussions, cette liste s'est étouffé avec des extraits des livres, vidéos et articles apportés par les participants.
https://drive.google.com/drive/folders/1DcjvOIJixA1fvYebkDIOM4uxoxhT6991?usp=sharing
avec des chercheurs qui travaillent sur des questions connexes: https://youtu.be/QHRbnNwIg1g
https://youtu.be/h-6-vamOMxY
https://youtu.be/Mh1WBj2YAgA
https://www.youtube.com/watch?v=0CewnVzOg5w
Afin dencourager les débats et les échanges sur les disciplines transversales, j'ai mis à disposition une liste des articles scientifiques. Bien que parfois leur contenu était trop ciblé ou specifique, cela a inspiré notre processus de travail. Selon les échos et les discussions, cette liste s'est étouffé avec des extraits des livres, vidéos et articles partagés collectivement.
Plus bas une liste de questions soulevées pendant la session, ainsi que des réflexions ou obsservations:
Plus bas une liste de questions soulevées pendant la session, ainsi que des réflexions et observations quant à l'idée de lâcher prise:
\begin{itemize}
\item Lâcher-prise, ce ne serait pas de lordre de labandon ?
@ -584,201 +574,79 @@ Plus bas une liste de questions soulevées pendant la session, ainsi que des ré
\item Que laissons-nous lorsque nous cherchons le lâcher-prise?
\end{itemize}]
\end{itemize}
Le fait de traiter ces thémes collectivement, d'ouvrir sa boite aux outils et sa méthodologie quant aux défis et objectifs, implique une mise en commun des réssources, des objectifs et des envies.
Concernant le lâcher prise, si le thème m'intéresse depuis longtemps, la pratique de la danse a été un des premiers moyens pour y accéder. Avec le temps, jai combiné et adapté certains exercices et échauffements afin de ``faire baisser ma résistance” ou enlever mes eventuels attentes orientés résultat. Par le biais de cette session de recherche, jai pensé les partager avec d'autres personnes pour avoir un retour d'éxperience. Parmi les membres du collectif, trés peu ont une experience avancée en dance. Il y a eu certains qui ont avoué n'aimer pas du tout cette pratique, ou pas se sentir à l'aise danser en publique. Aborder le lacher prise par la danse leur est paru contreintuitif au premier abord.
Mon défi a été de voir sil y a, en danse, une façon de convoquer le lâcher prise de façon directe, puis retrouver une dimension somatique dedans, independement du rapport à la danse des participants. Alors que les procesus Open Source sont collaboratives, le cadre proposé intiellement s'est beaucoup élargi au fil et à mesure que nous avons avancé dans l'exploration.
\begin{figure}
\centering
\includegraphics[width=0.7\linewidth]{images/lp_3}
\caption{Exploration sensorielle ludique: etre en mouvement avec les yeux fermés.}
\label{fig:lp3}
\end{figure}
Les quatres dernières années jai peu travaillé collectivement en dehors de mon projet de thése. La rencontre avec Open Source à Anis Gras, lieu qui m'a accueilli plusieurs fois en résidence, a été un retour à l'effervescence du terrain, aux sources.
Javais préparé un planning et imaginé des portes d'entrée selon les niveaux d'interet de chacun. Cela s'est fait en lien avec mes recherches scientifiques sur l'intelligence sensorielle. J'ai même pris quelques unes de mes hypothèses de recherche concernant les robots comme exemple. Comme souvent dans ce groupe de travail, une synergie collective sest installée et je me suis retrouvée à devoir littéralement ``lâcher” certains objectifs initiaux et surtout accueillir des besoins nouveaux, autres que ceux anticipés par moi. Notamment la question du lâcher-prise collectif et la question du groupe qui s'auto-organise par inértie.
Dès lundi, les quelques définitions du mot lâcher-prise, puis les éxtraits sonores avec les expériences de chacun mont confirmé que cela sera une exploration propre à lénergie de chacun des participants. Un processus héterogene entre les intiés à la danse, les curieux et les paniqués, entre regard critique et auto-dérision. Le retour méfiant quant aux rapprochements entre la technologie et l'intelligence sensorielle que vous pouvez lire \textbf{dans les annexes de ce travail de thèse}, mont fait comprendre que le groupe trouvera son cheminement et moi mon apprentissage avec, comme une sorte de ``méta” lâcher-prise à lintérieur dun processus de recherche sur le lâcher prise.
Mercredi, le troisiéme jour de travail lors dun moment déchange collectif, certains participants ont voulu mettre de côté la question du corps, comme un sorte de rébellion quant au dictat de la sensorialité. Ils pronait un retour aux textes, à la pensée critique, loin du veçu exprientiel. J'ai interpreté cette réaction comme une sorte de panique quant à la perte de réperes que ce type de travail peut provoquer. Comme si quelque part, ils aimeraient toucher de la terre, du solide aprés s'avoir laisés porté par les courrants. Retrouver leur réperes. J'ai pensé que mon travail en tant que co-directrice de la session était d'aider le groupe clarifier son cheminement, le guider sans le diriger. Comme je l'avais fait plusieurs fois pour mes projets de theatre...une metteuse en scène finalement. J'étais donc prete à abandoner. A ma surprise, des autres participants ont proposé faire juste une pause pour y revenir vendredi en fin de séance. Signe que notre travail preocuppait bien les esprits, nous avons eu un débat sur ce que cest une intelligence sensorielle dans le train de retour d'Anis Gras. Un de membres du collectif me rappelle que les objectifs de la session ne sont pas forcément ceux dune recherche académique, qu'il faut accepter la nouvelle direction que la session puisse prendre. Cette idée de proposer un cadre puis le laisser se transformer collectivement m'était claire en début de session. Cependant je n'arrivais pas à trouver les arguments pour exprimer mon réssenti emotionnel. Pour moi, ce moment de remise en question faisait partie du processus. Il devenait tout aussi important de repréciser le cadre et ses permutations que de se mettre d'accord sur ce que peut provoquer une intelligence sensorielle se manifester. Savoir reconnaitre ``ses symptomes”.
Le lendemain, suite à une greve RER nous avons travaillé chez un des participants. Nous avons decidé faire une improvisation collective in situ. Nous avions visité la Gare du Nord en tant que touristes en réperant bien l'environment sensoriel de ce lieu- les odeurs, les images, les son et la texture de choses.
\begin{figure}
\centering
\includegraphics[width=0.7\linewidth]{images/lp_6}
\caption{Moment d'improvisation collective à la Gare du Nord: exploration sensorielle d'un portable.}
\label{fig:lp6}
\end{figure}
Cela a déplacé les limites du jeu ailleurs, encore une fois. Jai eu plusieurs moments où jai joué avec la consigne, pour voir ce que cela produit si je lâche le cadre. Tout en observant les autres faire pareil. Cela ma renvoyé à des expériences similaires faites en marge dun projet inspiré par le film \textit{Idioterne} de Lars von Trier. J'ai retrouvé cet éxtrait de mes notes
\begin{quote}
``Il y a quelque chose de jubilatoire dans le fou rire, lorsquil est honnête. Comme une relâche, probablement la respiration, le sommeil ont beaucoup à voir avec le lâcher-prise. Cependant jentend par intelligence quelque chose dadaptatif, qui se met en œuvre pour faire émerger du nouveau. Comme voir quelque chose quon a déjà vu, mais sentir quon le voit différemment.”
\end{quote}
Puisque le terme de lâcher-prise a été très présent dés le début de la session, il nous a fallu du temps pour comprendre comment evaquer les attentes envers une possible définition universelle de ce terme. Pour certains partcipants la question du corps et de l'intelligence sénsorielle a été vecue en lisière de cette question du lâcher prise, parfois sans une prise de conscience directe. Cependant la question de la robotique et même plus large celle du numérique à efleuré à peine l'esprit des membres du collectif. Alors que cela fait partie des problématiques sociétales où chacun donne un avis et s'y interesse (d'autant plus mes collégues d'Open Source). Avec le temps, j'ai compris pourquoi cela s'est produit. Si pour moi le lien entre la robotique et le corps ou la sensoirialité est évident, pour certains cela peut paraître tiré par les cheveux justement parce qu'un robot est l'opposé d'un corps vivant, sénsoriel.
Parmi les retours d'experience, le danseur et choregraphe Gerry Quévreux evoquait l'exercice de sieste volontaire pratiqué ensemble, pour temoigner de la rapidité avec lequelle son esprit s'est remis en marche aprés: ``je parvenais à raccrocher les wagons ensuite, à me relier dune manière à ce qui sest joué sans moi pendant un moment.” Curiéusement il réliait cela à un autre exercice pratique, celui d'écriture automatique que j'avais proposé le premier jour d'exploration et qui est dévenu ensuite un sorte d'exercice preferé du groupe: ``la pratique de lécriture spontanée a été une vraie retrouvaille et je décèle là-dedans quelque chose qui me fait toucher un lâcher prise créatif. Je veille moins au sens, il y a la présence du rythme, la scansion.” Je déduis de son temoignage à quel point la créativité est disocié de l'exactitude et de la précision. Alors que les robots sont justement conçus pour cela- etré précis et exacts dans leurs actions. Probablement si nous aurions cherché plus les antonymés de l'état de lacher prise, nous aurions tombé d'accord que le mot ``concentration” en fait partie. Tout en ne faisant pas partie proprément. Puisque dans un aure témoignage Gerry parle d'état modifié de conscience pour illustrer le lacher-prise. Alors peut-etre un autre type de concentration?
\begin{figure}
\centering
\includegraphics[width=0.7\linewidth]{images/lp_1}
\includegraphics[width=0.7\linewidth]{images/lp_4}
\includegraphics[width=0.7\linewidth]{images/lp_5}
\caption{Mouvements automatiques pendant les exercices d'improvisation corporelle}
\label{fig:lp1}
\end{figure}
Cela réjoint l'intérvention du chercheur en musique et science cognitives Luc Pererra que j'avais invité pour nous parler de son travail sur le rythme. Selon lui, le rythme structure la conaissance: ``même inconscient le cerveau peut enregistrer des choses, par le rythme, de manière rythmique. Le fœtus fait ça dès 4 mois.” L'intervention de Luc, ainsi que les extraits musicaux qu'ils a partagé ont beaucoup éveillé notre sensibilité. Au tel point que cela risque de dévenir le souvenir le plus marquant de notre semaine de travail. Presque tous, nous gardons aujourd'hui un souvenir précieux de la voix de la chanteuse indienne Nina Burmi dont le chant, indéchiffrable au niveau de paroles, à résonné en nous à un autre niveau d'entente\footnote{https://www.youtube.com/watch?v=kfBvz2rG-NI}.
Cette éxperience collective d'adhésion à une musique inconue a été pour moi, une belle préuve de notre synergie en tant que groupe. Je n'ai pas les arguments pour analyser cela d'un point de vue neuro-scientifique, mais probablement quelque chose du caractere imprevu de cette proposition, sa frequence sonore et son rythmique a su induire en nous, au moment de l'écoute, un état de concentration et d'éveil sénsoriel. Pendant ce moment nous nous sommes sortis de notre cadre de recherche et probablement vécu un véritable lâcher prise collectif. Est-cela a cause du caractere imprevu de la situation? Est-cela plutot du au niveau d'investissement de la performeuse dans son chant? Ou plutot à cause de la frequence du chant?
Ces questions ont continué nourrir ma recherche bien aprés la session Open Source. \smallskip
Au moment de ces observations retrospectives, je ne peux pas m'empecher de pas considerer le temoignage des deux autres participants à la session. Pour des raisons éthiques et personelles, je prefere garder leur anonymat. Le hasard à fait que deux metteurs en scène avec de maladies implicant des sérieux problémes locomoteurs et neurologiques, ont exprimé leur interet pour la session. Un d'entre eux est un ami, agé d'une soixointaine d'années qui suite à une maladie auto-immune s'est retrouvé en incapacité motrice pendant une période de temps. Depuis il a retrouvé une certaine mobilité mais reste dependant de son traitement. L'autre a la trentaine, mais en proie d'une maladie neurodégénérative sérieuse avec des soins hospitaliers récurrents. Il m'avait fait part, lors de nos échanges par Whatsapp, des experiences de reveil de coma, puis de sa vie actuelle avec une disabilité qui conditionne son travail lourdement. Les deux ont intégré la session de façon ponctuelle. L'un d'entre eux n'a pas pu etre finalement présent qu'en distanciel, tandis que l'autre a participé à une de nos experientations collectives. Leur attitude envers le travail, leur contribution et engagement (même à distance) m'ont beaucoup touché. Les mots ``somatique” et ``thérapie” ont eu tout d'un coup une autre portée pour moi. Malgré son disconfort physique, mon ami s'est coordoné admirablement, comme si rien n'était. Il était là, actif et tonique, éngagé avec son travail corporel, à l'écoute de ses parténaires. Il avait envie d'essayer, de se mettre en jeu collectivement. De ``jouer” au sense que les enfants donnent à ce terme. Tout comme les autres participants avait envie qu'il soit là, que nous explorons ensemble nos differences dans un état d'ingenuité et naivité. A un moment donné, quelqu'un a donné la consigné d'oublier une partie de son corps. J'ai pensé à lui, à nos échanges auparavant et au fait qu'il y a quelques années c'était son corps qui a oublié de repondre, comme si une partie de lui s'est mise en veille volontairement. Je l'ai regardé et vu qu'il était ailleurs, à l'écoute de son exploration sénsorielle. Je me suis sentie l'observer pendant que nous nous deplaceons dans l'espace et j'ai senti que c'était moi celle qui n'était pas là. Il était dedans. Dedans lui-même si je puisse le dire. Je ne sais pas si ce type d'encontre que nous faisons avec nous-même est quelque chose dont nous nous apercevrons lorsque cela se produit. Probablement que non. Cependant cet état, j'ose dire ``de grace” dévient moteur de l'énergie dont nous disposons pour toutes nos actions qui le précedent. Probablement, la frequence avec laquelle nous pouvons faire cet aller-retour de reconnexion avec nous-mêmes, détermine notre tonus ou degré de fatigue. Les plus lointaines ces moments de reconnexion, le plus fatigués nous devenons. Comme si en puissant au plus profonde for de nous-mêmes, nous activons une énergie propre sous-jacente. Je me rends compte que cette façon de parler, d'évoquer des observations, des impressions perceptives peut s'appreter à un registre ambiguu, proche de la ``thérapie”. Le jour d'avant alors qu'il n'était pas là, nous avons lu le prémier chapitre du livre de Peter Levine\cite{levine2010unspoken} où il évoque son accident de voiture et la perte de controle de son propre corps. J'avais découvert ce livre alors que je cherchais à comprendre d'où vient mon interet pour les tremblements. Je vais repreciser cela dans un autre chapitre, alors que je décrirai plus en détail ma recherche en danse. Le travail de Levine faisait partie des réssources de l'atelier sur le lâcher prise, bien avant que je connaisse la volonté de participer à la séance de mon ami.
\begin{figure}
\centering
\includegraphics[width=0.7\linewidth]{images/lp_2}
\caption{Brainstorming pour mieux définir le concept de lâcher prise.}
\label{fig:lp2}
\end{figure}
Dans ce contexte, je prefere preciser mon positionement quant aux dérives dues à la confusion entre des pratiques et des expertises en danse. Les concepts somatiques que j'applique en danse n'ont rien avoir avec une dimension therapeutique. Elles ont pour objectif une meilleure apprehension de soi-même et facillitent des prises de conscience, mais autant moi que les gens avec qui j'ai pu travailler jusqu'au là, n'avons pas de competences en medicine. L'art se veut un endroit d'exporation et par sa dimension critique elle peut amener à des observations ou des constats personelles en lien avec des soins. N'est-ce un des objectifs de l'art de soigner le monde? D'autant plus quand il s'agit de la danse, et du corps. Pour révenir au corps, c'est peut-etre le moment d'evoquer la manière dont Bruno Latour\cite{latour2004talk} le décrit. Cette façon de considerer le corps a été édifiante pour mon travail avec les robots, mais elle s'élargit de plus en plus, alors que j'intéragis collectivement avec des humains:
\begin{quote}
(...)to have a body is to learn to be affected, meaning effectuated, moved, put into motion by other entities, humans or non-humans. If you are not engaged in this learning you become insensitive, dumb, you drop dead.
Equipped with such a patho-logical definition of the body, one is not obliged to define an essence, a substance (what the body is by nature), but rather, I will argue, an interface that becomes more and more describable as it learns to be
affected by more and more elements. The body is thus not a provisional residence of something superior an immortal soul, the universal or thought but what leaves a dynamic trajectory by which we learn to register and become sensitive
to what the world is made of. Such is the great virtue of this definition: there is no sense in defining the body directly, but only in rendering the body sensitive to what these other elements are. By focusing on the body, one is immediately or rather, mediately directed to what the body has become aware of. This is my way of interpreting Jamess sentence: \textit{Our body itself is the palmary instance of the ambiguous.}
\end{quote}
Alors je souligne ici l'importance de cette perspective du corps-interface que Bruno Latour a su anticiper bien avant les avancements du numérique. Comprendre par quoi nous sommes agis, avec quoi nous sommes en lien, nous aide à mieux nous connaitre. Comme Anna Halprin l'evoque mieux que moi, ce type d'introspection est individuelle et a beaucoup plus à voir avec des chemins de vie et des personalités qu'avec de thérapies. En d'autre mots, l'art peut etre une thérapie pour soi-même, mais elle ne peut pas faire du prosélitysme pour une solution universelle. Peut-etre que cela se réduit à ce que le metteur en scène Mathieu Hout a partagé avec nous à la fin d'une journée d'exploration. Pour lui le fait de s'appliquer et d'etre honnete dans cete recherche collective est ce qui compte le plus, au délà des résultats de la session. En cherchant ce qui peut-etre un lâcher prise collectif, il nous partage ses notes de la journe, parmi lesquelles figurent ces mots: ``Je suis avec toi. Peut-être quil ne sagit que de ça. Être avec.”
J'aimerais révenir à l'impact que cette session d'experimentation a eu sur mon propre laboratoire de recherche-création, en quatriéme année de thèse. Cela m'a aidé à comprendre que le cheminement n'est jamais fini, qu'il s'agit d'un travail qui s'affine au fur et à mesure que j'avance. J'ai pu également confirmer mes motivations, mieux accepter mes doutes quant aux risques d'une appropriation thérapeutique de ma démarche en danse. Puisqu'il s'agit des notions vagues, j'ai mis ette fois à l'écart les robots, pour mieux comprendre comment travailler cela entre humains. J'ai cultivé une sorte d'écoute polymorphe, en pensant toujours que cela m'aidera à mieux comprendre les robots. Puis l'écart entre le mode de penser des metteurs en scène, comparatif à celui des roboticiens fait encore résentir ses ondes de choc. D'autant plus que pour moi quand le corps est en veille, loin du plateau c'est compliqué de s'écouter, de se comprendre entre humains. Intégrer une pluralité de points de vue, des intérogations et des critiques m'a fait du bien, car cela m'a rapelle que l'art est l'endroit qui peut intégrer toutes ces différences. L'endroit de la liberté. Cela m'a également confirmé que je suis sur la bonne voie quant à mes recherches en danse.
Les mots d'Erika m'accompagnent encore, bien aprés que cette séance de travail s'est achevée:
\begin{quote}
``Cette recherche infuse encore beaucoup en moi. Jai comme limpression que quelque chose a bougé, quun nouveau voyage a commencé et quil sera toujours temps douvrir le cahier où jai posé des mots pendant la session pour y revenir. Le cahier comme un retour aux sources, retour à la compréhension, aux expériences et aux rebonds, pour appréhender le voyage avec sérénité.”
\end{quote}
4 / Synthèses des participant.e.s. - Bilans à froid.
Participant.e.s. “longue durée”
Bilan 1
Jai commencé cette session avec le terme de lâcher-prise très présent à chaque moment, au risque déluder le reste du titre qui lannonçait « pensée du corps et intelligence sensorielle ».
Il y a eu quelque chose dinsaisissable dans ce terme et la pluralité de ses usages, des pratiques et de sens que chacun lui associait. Je garde un peu de curiosité et de regret de ne pas avoir touché cet endroit pour chacun.e, sa nécessité dans nos travaux respectifs et les moyens de toucher cet état.
En tout cas jai senti se clarifier pour moi-même mes endroits et outils de lâcher prise :
Le travail du corps, de mon attention dans le mouvement et la désorientation : haut, bas, devant, derrière, la chute, se relever, tourner, laugmentation du rythme cardiaque, la non-hiérarchisation des parties du corps mises en jeu dans la danse.
La sieste et lassoupissement : nous lavons pratiquée ensemble. Mais je lai aussi pratiquée seul dans des moments de complexité, de détachement, de fatigue (je pense au moment de lecture du texte de recherche en anglais, à la visioconférence de Luc…). La sieste durait un moment, mais je parvenais à raccrocher les wagons ensuite, à me relier dune manière à ce qui sest joué sans moi pendant un moment.
Enfin la pratique de lécriture spontanée a été une vraie retrouvaille et je décèle là-dedans quelque chose qui me fait toucher un lâcher prise créatif. Je veille moins au sens, il y a la présence du rythme, la scansion…
La question qui a principalement effleuré pour moi est cette dimension collective du lâcher prise, au-delà de mes chemins personnels. Et qui trouve son sens dans les dynamiques plutôt collectives que je rencontre dans la création.
Jai le souvenir dune situation de cette semaine qui a fait écho :
Lors dune improvisation proposée par Marie, nous avons commencé en silence à positionner des cartes de tarot. Chacun.e prenait des cartes, en remplaçait dautres, les couvrait où les rangeait comme si nous devions créer un tableau signifiant qui augurait de limpro à venir. Jai le souvenir dErika très active dans ce jeu, tout comme moi. Et puis jai senti là où je devais lâcher. Ne pas tout le temps rajouter une carte. Ne pas avoir le dernier mouvement. Lâcher-prise en retenant quelque chose, ou lâcher-prise en laissant passer le désir de faire.
Il y a là-dedans quelque chose du jeu. Le jeu pour simpliquer pleinement, mentalement, physiquement et collectivement.
Enfin une petite phrase qui me reste \textit{liberty is oversold} cité par Mathieu. Que je mapproprie dans le besoin de cadre, daccompagnement, de contrainte pour toucher à cet état de lâcher-prise dans la création et le corps.
Bilan 2
Cette session a vraiment infusé en moi aussi.
C'est drôle c'est arrivé à un moment particulier de ma vie et ça continue à résonner un peu partout.
Je me souviendrai de ces moments de travail collectifs où on a accepté ensemble de ne pas savoir où on allait aller, et des échos inattendus dans l'écriture collective au fil des jours.
Ça m'a appris à ne pas trop chercher frontalement mais à laisser les choses arriver dans le travail de création collective. Laisser résonner le monde en soi. Se décentrer un peu peut-être ?
Je crois qu'on peut découvrir des chemins de traverse dans la création et que c'est ce qui m'intéresse tout particulièrement.
Je retiens aussi cette idée de lâcher pour reprendre. Comme retrouver une meilleure prise sur les choses.
Et puis aussi une idée de se ressouvenir de comment on faisait avant, quand les choses étaient plus simples.
Un chemin direct vers les choses.
Faire et ne pas penser à faire. Une chose difficile pour moi mais vers laquelle je tends.
Il y a aussi cette idée que quand on a un choix à faire, on choisit souvent selon ses habitudes. Et peut-être que le lâcher prise c'est aussi laisser le temps à d'autres chemins de se dessiner avant de choisir.
Quand la peur s'accroche et recherche du familier, ne pas y aller tout de suite.
Je crois que c'est quelque chose de crucial pour moi dans ma pratique et dans ma vie.
Et enfin je retiendrai l'injonction au lâcher prise comme l'injonction à la détente, au laisser faire, comme une fausse piste, possiblement toxique. Et puis l'idée qu'il y a des choses insurmontables, que tout ne peut pas et ne doit pas être transcendé par la sublimation.
Je crois qu'il ya beaucoup de prise et beaucoup de faire dans le lâcher prise. Mais sûrement un faire autrement et une autre prise ?
Pour moi ça résonne tout particulièrement dans ma pratique du chant où si je ne trouve pas cet endroit d'attention juste, ni réflexion sur moi-même, ni détente je ne peux pas chanter. Ça ne sonne pas.
Comme on est son propre instrument on doit se déployer comme une cornemuse mais si on prête trop d'attention au son, à "chanter bien" ça marche pas vraiment, parce qu'on s'écoute et qu'on ne fait pas. On ne laisse pas l'espace vivant, on n'est pas engagé.e.
Je crois que c'est l'endroit où le lâcher-prise est le plus concret et tangible pour moi, surtout quand je regarde les autres chanter. Je vois ce qui s'accroche, ce qui laisse passer, mais surtout je vois le plaisir que ça procure au/à la chanteu.r.se. quand l'endroit trouvé est juste pour elle/pour lui.
Se laisser traverser par. Un peu mais pas trop.
Bref, à suivre…
Bilan 3
Chercher le lâcher-prise collectif
Ce qui me travaille encore, cest le lâcher-prise collectif comme ressource possible. Sortir du carcan idéologique actuel : linjonction du bien-être et du développement personnel, très autocentrés, postulats individualistes qui ne me rendent pas heureux ; et travailler (ce nest pas exclusif) sur le lien, le groupe, le lâcher-prise ensemble. « Le lâcher-prise devient un jeu dont la prise en charge est collective » (Gerry) : on le réussit ensemble ou pas du tout. Je crois que mon travail de création avec Das Kollektiv Mahu tournait beaucoup autour de ça sans que jen aie vraiment conscience.
Trouver un rythme presque respiratoire au spectacle
Il y a alors un enjeu de rythme (confirmé par lapproche neurologique de Luc Perera : « Même inconscient le cerveau peut enregistrer des choses, par le rythme, de manière rythmique. Le fœtus fait ça dès 4 mois. »). Lenjeu serait de trouver dans un spectacle une sorte de rythme respiratoire, qui passe par une acceptation de moments de pas-produire, de flottement, de foireux : une alternance « entre guider et générer un vide. En hypnose, on valide de temps en temps les sensations du patient, et on laisse des moments libres où le patient doit se débrouiller et faire son propre chemin. » (Gerry) Ce rythme vaut autant pour le temps de répétition, à mon avis (par exemple dans la direction dacteurs) que pour le temps de représentation.
Les chemins du lâcher-prise
Pas mal de pistes ont été évoquées au fil de la semaine.
Je me contente ici de les lister :
La déconne (lenvie de samuser), la respiration, léventualité de léchec, lacceptation du foireux, se rendre (« surrender »), sagit-il de sabandonner ? « Un peu envie de pleurer », faire avec (la douleur, limprévu), le détournement de lattention (diversion, dispersion), la sieste, le faire (agir pas réfléchir), acceptation de lerrance (« et souvent alors je retrouvais mon fil » Silvia), acceptation de limperfection, trouver la bonne musique (« Pour écrire, je peux passer la matinée à chercher la bonne musique que jécouterai ensuite en boucle. » Erika), prendre le temps, ne pas produire, une acceptation collective du flottement, je sais pas faire mais jy vais quand même et puis tas quà ten foutre.
Une chanteuse, et une musique
De cette session je garde aussi cette musique, et cette chanteuse qui mémerveille : https://www.youtube.com/watch?v=kfBvz2rG-NI
(Et aussi la remarque de Luc Perera, qui nous la faite découvrir : au bout de 8-9 minutes, lauditeur lâche prise, ce quil appelle le moment de déconnexion, davec le quotidien \& lordre habituel des choses)
Une question
« Et vous, comment vous pratiquez le lâcher-prise ? » (Luc Perera)
Quest-ce quon cherche avec le lâcher-prise ?
Si je pense à mon travail de création, je dirais : de nouvelles possibilités. Mais dans la session, une réponse plus ambitieuse, presque mystique, est apparue qui me plait :
« Le lâcher-prise, pour moi cest un état de conscience modifié. Cest sur le même plan que lhypnose. » (Gerry)
« Comme une musique qui sélève en moi. », me suis-je surpris à écrire dans un exercice décriture automatique.
Dans la discussion autour de la musique indienne, finalement, cette idée : ce nest plus être connecté à ses partenaires musicaux, mais… à tout. Et peu importe que le chemin pour y parvenir soit de soi à soi ou par les autres.
« Ce serait une méga-connexion. » (Gerry)
Deux notes
Je vous livre, pour finir, mes deux dernières notes en fin de semaine :
Je suis avec toi. Peut-être quil ne sagit que de ça. Être avec. En compagnie.
Bilan à chaud : je ne suis pas sûr de savoir ce quest le lâcher-prise, mais je le pratique beaucoup, et je sais une chose : cest un travail.
À suivre…
Bilan 4
Le lundi matin, premier jour de la session de recherche, je passais une audition. Audition au cours de laquelle une directrice artistique ma dit “Il faut lâcher-prise”.
Au-delà de linsatisfaction laissée par cette direction de jeu stérile, je me suis dit que ça narrivait pas par hasard et que la semaine qui souvrait allait peut-être apporter des réponses à cette question : Ça veut dire quoi “lâcher-prise” ?
Je nai toujours pas de réponse.
En revanche, je peux, aujourdhui, répondre à la question de Luc Perera : “Comment pratiquez-vous le lâcher-prise ?”.
Je sais, comment je le pratique et ce que je mets en place pour le toucher du doigt et parfois, latteindre. Et je sais également que cet équilibre est fragile et en évolution constante.
De cette semaine de recherche, je retiens un lien fort entre lindividu et le lâcher-prise. Un lâcher-prise collectif est-il possible ? Là encore, pas de réponse.
Je retiens du terme “lâcher-prise” le fait de lâcher une prise. Faut-il au préalable avoir conscience de la prise sans quoi il serait impossible de lâcher ?
Je retiens le sensoriel dans le lâcher-prise. Pour moi cest comme si ça se passait avec un autre cerveau, celui du corps, celui qui ne sexprime pas en mot.
Il y a quelque chose de très agréable dans le lâcher-prise, comme il y a quelque chose de très agréable dans les sessions Open Source. Je ne sais pas ce quil va se passer, où ça va aller, par quoi on va passer ; et tout ça, cest ok.
Il y a quelque chose de magique dans le lâcher-prise.
Cette recherche infuse encore beaucoup en moi. Jai comme limpression que quelque chose a bougé, quun nouveau voyage a commencé et quil sera toujours temps douvrir le cahier où jai posé des mots pendant la session pour y revenir. Le cahier comme un retour aux sources, retour à la compréhension, aux expériences et aux rebonds, pour appréhender le voyage avec sérénité.
Bilan 5
Le thème m'intéresse depuis longtemps et la pratique de la danse a été un des moyens directs pour y accéder. Lors des stages et des rencontres, jai combiné et adapté certains exercices et échauffements, puis jai voulu les partager avec d' autres personnes et avoir leur retour. Voir sil y a, en danse, une façon de convoquer le lâcher prise de façon universelle, puis retrouver une dimension somatique dedans. Les quatres dernières années jai peu travaillé collectivement et la session de travail Open Source a été un retour à l'effervescence des laboratoires de recherche et au terrain.
Javais préparé un planning et imaginé des portes d'entrée pour certains sujets, en lien avec mes recherches scientifiques sur l'intelligence sensorielle- pris quelques unes de mes hypothèses de recherche concernant les robots. Comme souvent dans les groupes de travail, une synergie collective sest installée et je me suis retrouvée à devoir littéralement “lâcher” certains objectifs initiaux et surtout accueillir des besoins nouveaux, autres que ceux anticipés par moi. Notamment la question du lâcher-prise collectif et la question du groupe.
Dès lundi, les quelques définitions du mot lâcher-prise, puis les expériences de chacun mont confirmé que cela sera une exploration propre à lénergie de chacun des participants. Le retour et la “résistance” quant aux rapprochements entre la technologie et l'intelligence sensorielle, mont fait comprendre que le groupe fera son cheminement et moi mon apprentissage avec, comme une sorte de “méta” lâcher-prise à lintérieur dun processus de recherche sur le lâcher-prise.
Mercredi, lors dun moment collectif déchanges, certains participants ont voulu mettre de côté la question du corps, pour y revenir à la fin de la semaine. Débat sur ce que cest une intelligence sensorielle dans le train. Moment de remise en question quand Mathieu me rappelle que les objectifs de la session ne sont pas forcément ceux dune recherche académique. Lidée de proposer un cadre puis le laisser se transformer cétait clair en début de session. Cela devenait tout aussi important de repréciser le cadre et ses permutations dans ce nouveau contexte.
Dune façon intuitive, jai compris en quoi la question du lâcher-prise émotionnel est pour moi une forme dintelligence sensorielle.
L'exercice improvisé de jeudi, lorsquil y a eu la grève et que nous avions visité la Gare du Nord, m'a ému. Cela a déplacé les limites du jeu ailleurs, encore une fois. Jai eu plusieurs moments où jai joué avec la consigne, pour voir ce que cela produit si je lâche le cadre. Tout en observant les autres faire pareil. Cela ma renvoyé à des expériences similaires faites en marge dun projet inspiré par Idioterne de Lars von Trier. Il y a quelque chose de jubilatoire dans le fou rire, lorsquil est honnête. Comme une relâche, probablement la respiration, le sommeil ont beaucoup à voir avec le lâcher-prise. Cependant jentend par intelligence quelque chose dadaptatif, qui se met en œuvre pour faire émerger du nouveau.
Comme voir quelque chose quon a déjà vu, mais sentir quon le voit différemment.
Bilan 1 - Participation 1 journée
Lundi, c'est lâcher-prise.
Je ne suis venue qu'une journée. La première.
Mais j'ai eu la sensation que toute la semaine qui suivit avait été marquée par cette expérience, cette temporalité.
Prendre une journée pour réfléchir à ce mot si étrange, ce concept si décalé
Par rapport à l'idéologie majoritaire, par rapport à toutes nos habitudes d'auto-contrôle
toutes les aliénations quotidiennes générées par l'injonctions à la productivité.
Tous les lundis faudrait se redire - lâche prise.
Quelle est la prise - quelle est la prédation?
\textit{Tu ne détestes pas le lundi - tu détestes le capitalisme}
dit l'auto-collant sur mon téléphone.
l'autocollant s'efface
le souvenir de ce lundi de lâcher prise aussi.
Mouvement.
J'ai relu mes notes du lendemain.
Je m'étais simplement autorisée - à jouer du piano.
un mardi matin.
Lâcher prise.
Respire.
Bilan 2. Participation 1 journée
Je garde le plaisir de la rencontre avec chacun d'entre vous, d'un pas de côté, d'une ouverture vers l'inconnu et de différents temps de plateau et d'écriture : la danse, l'invitation à l'écriture, puis la mise en jeu à partir du texte de Marie.
J'ai été très touchée par son écriture, sa complexité très imagée, sensuelle et musicale, fluide, passant d'une évocation à une autre. J'ai pris grand plaisir à lui donner corps à trois.
J'ai vu aussi mes limites en ne parvenant pas à écrire en écriture libre sans contrainte.
Et n'ai pas bien compris le lien entre lâcher prise et numérique.
5 / Bibliographie
How the body releases trauma. Peter Levine
Le geste et sa perception. Hubert Godard
My Body, the Buddist. Deborah Hay
Du corps intime au corps social: Pratiques somatiques et pensée critique. Dialogue avec Sylvie Fortin
Pratiques somatiques et écologie corporelle. Laurence Jay
Selon Kozel, ce type de performance dévient un catalyseur pour comprendre l'impact de la technologie numérique sur les interactions sociales.
@ -862,6 +730,9 @@ Par ailleurs, des éthologistes ont récemment montré que les grands singes, le
Sur la méthodo http://lcpaquin.com/
\cite{paquin2014methodologie}
\subsection{Shaking, halprin and cie}
En tout cas jai senti se clarifier pour moi-même mes endroits et outils de lâcher prise :
Le travail du corps, de mon attention dans le mouvement et la désorientation : haut, bas, devant, derrière, la chute, se relever, tourner, laugmentation du rythme cardiaque, la non-hiérarchisation des parties du corps mises en jeu dans la danse.
\cite{dehaene2014odile} sur Origines et Préhistoire
\subsection{Discussion}

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